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Tout ce que la Suisse doit à l'immigration

L'initiative UDC sur le renvoi des étrangers criminels occulte un fait important, rappelle Le Temps: l'économie suisse ne pourrait se passer des immigrés. [Gaetan Bally]
L'initiative UDC sur le renvoi des étrangers criminels occulte un fait important, rappelle Le Temps: l'économie suisse ne pourrait se passer des immigrés. - [Gaetan Bally]
Après la décision du Parlement valaisan de ne pas gracier Bernard Rappaz, le sort du chanvrier passionne désormais aussi les journaux alémaniques. Pour sortir de l'impasse, un médiateur pourrait être nommé. Le nom de Pascal Couchepin est évoqué. A une semaine de la votation sur le renvoi des criminels étrangers, Le Temps rappelle à quel point l'économie suisse a besoin des immigrés. De son côté, Le Matin analyse la portée des sanctions prises par la FIFA à l'encontre de six de ses membres.

Ces immigrés dont la Suisse a tant besoin

L'initiative UDC sur le renvoi des criminels étrangers ferait presque oublier tout ce que l'on doit à l'immigration, rappelle Le Temps. Sans l'apport de l'immigration, certains secteurs de l'économie, notamment les hôpitaux, seraient sinistrés. Le CHUV emploient ainsi 92 nationalités différentes tous secteurs confondus et 50 langues y sont parlées. Le Temps cite aussi une étude d'Avenir Suisse où il est dit que 58% des immigrés actifs possèdent un diplôme d'éducation supérieure, le double de la proportion helvétique. Les étrangers assument 27% des heures totales du travail effectué chaque jour en Suisse. Enfin, il y a ceux qui étudient. C'est le cas d'un étranger sur quatre venus en 2009 dans le canton de Vaud. Certains créeront peut-être leur commerce, leur start-up. Des réalités que le débat actuel focalisé sur l'exception tend à occulter.

Bernard Rappaz ne sera pas gracié

"Pas de grâce", écrit en Une le Nouvelliste. La décision du Parlement valaisan ne résout rien, puisque le chanvrier entend déposer une nouvelle demande d'interruption. L'intérêt particulier commande de mettre fin à ce spectacle indigne en trouvant un aménagement de peine note Le Courrier. Et l'intérêt général incite à rouvrir rapidement un débat dépassionné sur la place de tous les stupéfiants dans notre société. Les générations futures reprocheront peut-être aux autorités exaspérées par les frasques d'un producteur de cannabis d'avoir précipité la mort d'une icône, estime le Quotidien Jurassien. L'affaire fait la Une du Tages-Anzeiger. L'éditorialiste se dit surpris, non pas par la grâce que le Parlement valaisan a refusée au chanvrier, mais par la majorité écrasante qui s'est dessinée. Une décision juste devant la loi, moralement acceptable, mais aussi dans l'air du temps, parce qu'on veut plus de rigueur partout: envers les criminels étrangers, envers les chômeurs de longue durée ou dans les écoles. Reste qu'il faudra bien trouver une porte de sortie. Et pourquoi pas par l'entremise d'un médiateur au-dessus de la mêlée ? Le nom de Pascal Couchepin est lancé. Il pourrait convaincre que gracier Rappaz serait faire signe de grandeur et permettrait à tous les acteurs de cette sombre histoire de sauver la face.

Pionniers contre l'homophobie

Les cantons de Vaud et Genève veulent améliorer l'information des jeunes sur l'homosexualité et unir leurs efforts contre les préjugés, explique Le Courrier. Dans les préaux, les enfants n'y vont pas de main morte lorsque les insultes ont des connotations sexuelles, explique 24heures. Statistiquement, un élève par classe est homosexuel. En collaboration avec le canton de Genève, Vaud a signé un accord avec Elisabeth Thorens-Gaud, une enseignante qui a publié en 2009 un ouvrage sur les adolescents homosexuels. "Je suis convaincue qu'en une heure de discussion on peut faire tomber les préjugés", dit l'enseignante. Pour Serge Loutan, chef du service de l'enseignement spécialisé du canton de Vaud,  "aborder l'homosexualité nous paraît plus délicat que de parler d'alcool".

L'avortement, un débat complexe relancé

Le Bund et le Tages-Anzeiger s'intéressent à l'avortement qui fait à nouveau débat depuis qu'une initiative populaire a été lancée par la conseillère nationale PDC Elvira Bader. Elle demande que les coûts d'un avortement (il y en a 10'000 chaque année en Suisse) ne soient plus pris en charge par les caisses maladie, mais par les femmes qui décident de se séparer de leur embryon. Aujourd'hui, les femmes socialistes rebondissent. Elles veulent agir en amont du problème: rendre la pilule contraceptive gratuite pour les jeunes femmes. Les caisses maladie devraient prendre en charge cette facture. Cet effort de prévention devrait leur permettre d'économiser une bonne partie des 15 à 20 millions que leur coûtent chaque année les avortements, et surtout permettre à toutes les bourses de se prémunir contre une grossesse indésirable.

Les sanctions peu convaincantes de la FIFA

La commission d'éthique de la Fédération Internationale de Football présidée par le Suisse Claudio Sulser a décidé de suspendre six officiels pour une durée de 1 à 4 ans dans l'affaire de corruption. Un verdict plutôt flou, constate Le Matin. L'éditorialiste ne cache sa déception. Dommage que la FIFA n'ait pas eu le cran d'expulser ceux qui ont sali sa réputation et de redéfinir le mode de désignation des pays hôtes des deux prochaines Coupes du monde. Le Matin ajoute que les ouailles du président Sepp Blatter boivent ses paroles comme elles avalent les coupes de champagne dans les salons feutrés des stades de football, plus préoccupées par la défense de leurs positions que par les intérêts du sport dont elles détiennent les clefs.

ant, avec Jean-François Moulin et Christian Favre, RSR

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