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Simonetta Sommaruga prise à partie sur les armes

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. [peter schneider / keystone]
Simonetta Sommaruga vivement critiquée dans la presse alémanique. - [peter schneider / keystone]
Le refus du peuple à l'initiative visant à interdire les armes d'ordonnance à la maison n'a pas clos le débat en Suisse. Lundi, Simonetta Sommaruga a émis quelques propositions, dont celle de faciliter le dépôt des armes à l'arsenal. Et les critiques outre-Sarine pleuvent sur la conseillère fédérale, accusée de ne pas tenir compte de l'avis du peuple. En Suisse romande, c'est le scandale des loyers préférentiels à Genève qui rebondit à Lausanne.

Le débat sur les armes loin d'être clos

Simonetta Sommaruga est la cible d'un tir nourri de critiques dans la presse alémanique après la votation sur les armes à la maison. En cause: la volonté de la conseillère fédérale de réformer rapidement la loi sur les armes. La socialiste propose d'améliorer la coopération internationale et de faciliter le dépôt des armes à l'arsenal pour les soldats. Les critiques viennent - sans surprise - des militaires et des tireurs, relayées par le Blick, le Tages-Anzeiger ou la NZZ. Ces milieux n'acceptent pas que quelques heures seulement après le net refus de l'initiative sur les armes, la ministre fasse part de ses projets de réforme. Ils estiment qu'en agissant de la sorte, la socialiste trahit la volonté du peuple. Le rédacteur en chef de la Basler Zeitung va dans leur sens: il y voit la marque d'une mauvaise perdante, peu collégiale et qui ne fait pas grand cas de la démocratie. Le lobby Pro Tell quant à lui se dit déjà prêt à réagir, par le référendum s'il le faut. Les milieux militaires veulent aussi faire monter la pression, par la voix du président de l'UDC Toni Brunner: gonflés à bloc suite au vote de dimanche, ils estiment qu'il faut redonner la munition aux soldats, car un fusil sans balles, ça ne sert à rien... Bref, le débat sur les armes est loin d'être terminé.

Des violences avant les fédérales?

Toujours dans la presse alémanique, le spectre de la violence politique ressurgit. On ne parle pas d'attaques verbales, de chantage ou de calomnies mais bien de véritables débordements, comme ceux qui ont enflammé la ville de Berne en octobre 2007. Alors que l'UDC paradait en masse dans les rues de la capitale, une contre-manifestation d'extrême gauche dégénère: les deux camps en viennent au mains, les stands de l'UDC partent en flammes, les 427 policiers mobilisés sont incapables de réagir. Deux semaines plus tard, l'UDC remporte les élections fédérales. Plusieurs observateurs estiment que ces événements ont clairement profité au parti. Le Tages-Anzeiger estime que ce scénario pourrait bien se reproduire cet automne. La ville de Berne a déjà reçu des demandes officielles de l'UDC, mais aussi du Parti socialiste, pour organiser une journée de mobilisation pré-électorale. Les autorités de la capitale se disent prêtes à respecter la liberté de manifestation, mais l'idée d'imposer un moratoire pour les semaines précédant les fédérales est à l'étude. Les violences qui ont émaillé la grand-messe UDC de l'Albisguetli en janvier expliquent sans doute les sueurs froides des autorités bernoises.

Fortune des tyrans, mode d'emploi

Si les dictateurs des pays du Proche et du Moyen-Orient sont de plus en plus contestés par la rue, c'est aussi parce qu'ils se sont enrichis sur le dos du peuple, explique Le Matin, qui décortique les méthodes utilisées par les chefs d'Etat pour s'enrichir. Il s'agit bien entendu d'une affaire de corruption généralisée, mais elle peut prendre des allures de système étatisé selon les circonstances et les pays. Démonstration: pour s'installer dans l'un de ces pays, une entreprise étrangère doit impérativement trouver un partenaire local et généralement, on lui conseille de s'associer avec des personnalités ou des sociétés proches du régime. Nestlé avait tenté de contourner ce système en Tunisie, mais le clan Ben Ali a tout de même fini par faire main basse sur les parts des deux partenaires que la multinationale avait contacté. En Egypte, c'est via les privatisations que le clan Moubarak s'est enrichi. Il obtenait des informations de première main de la part de l'entreprise chargée de piloter les privatisations des entreprises, parvenant ainsi à les acheter à vil prix avant la mise aux enchères.

Fonds bloqués: le public ne comprend pas

Concernant les avoirs des anciens dirigeants, la Confédération avait gelé la fortune du clan Ben Ali en Suisse avant l'Union européenne. Pour le cas de la famille Moubarak, la présidente de la Confédération n'a attendu que quelques heures après la chute du président pour annoncer le blocage de ses fonds, ce qui énerve l'éditorialiste de L'Agefi. Ce dernier juge que Micheline Calmy-Rey ne crée que des malentendus: elle entretient l'idée toujours fort répandue à l'étranger et à l'intérieur même du pays que la Suisse est une terre d'accueil pour la fortune illégitime des dictateurs. En plus, le public peu informé ne comprend pas pourquoi ces fonds sont bloqués lorsque leurs ayants droit sont déchus, et non avant. Le message politique à faire passer de manière claire, c'est que les fonds en question ne sont précisément pas bienvenus et qu'il existe depuis 10 ans des dispositions pour les éloigner, juge encore le journaliste.

Loyers préférentiels aussi à Lausanne

280 m2 pour 2150 francs par mois à Lausanne... Après Genève et ses propriétés de l'Etat louées à prix d'ami, la Ville de Lausanne est dans l'oeil du cyclone depuis dimanche. Dans 24 heures et Le Matin, l'ancien municipal des travaux Marx Lévy s'explique sur son loyer à prix sacrifié. Personne ne voulait de ce logement lorsqu'il y a emménagé en 1962,  explique le socialiste qui avait statué sur l'achat de la propriété par la Ville. Cette dernière souhaitait raser la maison pour une route à 4 pistes et construire des HLM dans le parc, mais le projet n'a jamais abouti et l'unique locataire intéressé exigeait des travaux trop importants aux yeux des autorités. Celles-ci ont donc proposé le logement à Marx Lévy, pas encore municipal à l'époque. Marx Lévy précise que son premier loyer était de 600 francs, ce qui était exorbitant à l'époque pour un logement sans eau chaude et complètement délabré. Des travaux ont été réalisés aux frais du locataire qui précise que son loyer actuel est certes très bas, mais qu'il rajoute chaque année entre 4000 et 6000 francs pour le chauffage. Et Marx Lévy de préciser qu'il n'est pas rare de voir des personnes âgées installées de longue date dans un logement payer un loyer inférieur aux autres locataires.

Nucléaire: un compromis serait possible

Ils ont perdu mais ils tiennent le couteau par le manche. C'est le constat partagé par la Neue Luzerner Zeitung et la Berner Zeitung, qui reviennent sur le scrutin de dimanche consacré au renouvellement de la centrale nucléaire de Mühleberg. Les anti-nucléaires n'ont pas réussi à convaincre une majorité de Bernois de sortir du nucléaire. Mais avec près de 49% des suffrages, leur confiance est renforcée et ce sont eux aujourd'hui qui mettent la pression sur le Conseil fédéral. Un Conseil fédéral qui pourrait, selon la Berner Zeitung, être contraint de faire un compromis: promouvoir le remplacement non pas de deux mais seulement d'une centrale nucléaire. Une ambition revue à la baisse qui ferait son chemin, aussi parmi quelques parlementaires de droite favorables au nucléaire.

cer avec Sandra Viscardi et Christian Favre, RSR

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