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Élections fédérales: "la révolution au centre"

La salle du Conseil national. [Alexandre Chatton]
Le Conseil national sera moins polarisé à l'avenir. - [Alexandre Chatton]
Les élections fédérales de dimanche faisaient les gros titres de la presse helvétique lundi. La Tribune de Genève évoque un tremblement de terre qui a redistribué les cartes au centre. De son côté, La Liberté se félicite de la victoire socialiste à Fribourg. Outre-Sarine, le Tages-Anzeiger revient sur la chute de nombreux ténors alémaniques et analyse en compagnie du Blick notamment la glissade de l'UDC.

Fragmentation du centre

"La révolution au centre." C'est par cette formule que la Tribune de Genève résume les élections fédérales de dimanche. Le quotidien genevois s'attendait à une petite secousse, mais c'est un tremblement de terre qui s'est produit. La formidable montée en puissance du PBD et des Vert'libéraux a explosé le centre de l'échiquier politique de la Suisse. Un cocktail de valeurs floues, poursuit l'éditorialiste, qui signifie que les Suisses n'ont plus confiance dans les partis traditionnels. Ces formations sont incapables de s'adapter face aux défis de l'époque. De plus, pour la première fois depuis 20 ans, la toute puissance de l'UDC recule. Ces élections, note Le Matin, mettent également en lumière le lent déclin du PDC et du PLR pour cause d'un manque de clarté dans le discours, mais aussi en raison de l'absence de figures charismatiques et d'un éloignement de la base. La Suisse politique entre donc dans l'ère du multipolaire, peut-on lire dans 24 heures. Le journal lausannois fait sa "Une" avec un dessin de Burki, qui détourne l'affiche électorale de l'UDC montrant des bottes noires marchant sur la Suisse. Ce matin, ce sont les semelles des Vert'libéraux qui déboulent sur le paysage politique. La vraie redistribution des cartes a eu lieu au centre et c'est là qu'elle est la plus intéressante.

Des chutes en cascade

Ce sont des vestes de tous les genres et de toutes les couleurs que donne à voir le Tages-Anzeiger. Celles des poids lourds de la politique alémanique qui ont perdu leur siège dimanche. Parmi l'UDC, le journal retient l'échec d'Ulrich Schlüer, penseur de l'ASIN et père de l'initiative pour l'interdiction des minarets. Son collègue de parti Ernst Schibli, père du célèbre bouc Zottel, mascotte de l'UDC, a également mordu la poussière. Les électeurs ont aussi sanctionné le Vert Jo Lang, antimilitariste de la première heure. Une perte compensée par la non élection du pro-armée et ancien commandant des gardes suisses Pius Segmüller (PDC). Le libéral-radical grison et président du HC Davos Tarzisius Caviezel ne siégera plus non plus à Berne. Comme quoi il ne suffit pas d'être en "Une" des journaux pour être élu. D'ailleurs, les people n'ont pas connu le succès. Le criminologue Martin Killias a échoué à Zurich, tout comme la star des chirurgiens Thierry Carrel à Berne. Idem pour Jacques de Haller, président de la FMH. Exception à cette règle: l'ancien animateur vedette de la télévision alémanique Matthias Aebischer siégera au Conseil national pour le Parti socialiste.

L'UDC ne convainc plus

L'UDC est désenvoûtée, titre le commentateur du Tages-Anzeiger. Pour la première fois depuis les années 1990, la droite ne progresse pas. Et le parti agrarien retrouve un poids normal dans le camp bourgeois. Ce qui réjouit notre confrère. Les autres partis doivent désormais arrêter de "diaboliser" l'UDC, selon lui. Et de souligner que le nouveau parlement est un gage de sobriété. Dans ce sens, la non-réélection d'Ulrich Schlüer, père de l'initiative sur les minarets, est un signe fort, écrit-il. De son côté, le Blick s'en prend frontalement à Christoph Blocher. En lettres grasses affichées en "Une", le journal payant le plus lu de suisse titre: "La raclée de Blocher". C'est son UDC qui s'est brisée dimanche, écrit le quotidien. Pas question, cette fois, d'accepter le discours traditionnel qui remet en cause le traitement médiatique réservé à l'UDC. Chaque phrase que Blocher prononce est en effet reprise dans les médias comme parole d'évangile. Le peuple s'est simplement lassé des méthodes de l'UDC, selon le Blick.

Le PS s'impose à Fribourg

"Historique", écrit La Liberté: le Parti socialiste est devenu le premier parti fribourgeois devant l'UDC avec la réélection au premier tour d'Alain Berset. Le candidat au Conseil fédéral a encore consolidé sa position. "Le premier étage de la fusée qui pourrait le propulser au rang de ministre a parfaitement fonctionné." Aux yeux du Courrier, le PS demeure toutefois incapable d'incarner le changement de manière crédible. Le journal de gauche appelle les socialistes à se poser à nouveau la question d'un passage dans l'opposition. Ne serait-ce que pour être conséquent avec le virage à gauche annoncé l'an dernier dans le nouveau programme socialiste.

bkel avec Ariane Hasler et Stéphane Deleury / RSR

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