Une présidente sur la sellette
C'est ainsi que Le Matin décrit la situation d'Eveline Widmer-Schlumpf. Le journal reproche à la présidente de la Confédération d'avoir trop soutenu Philipp Hildebrand, et de persister. Lorsque le journaliste a demandé à la conseillère fédérale si elle n'était pas fâchée que le désormais ancien président de la BNS ait baladé tout le monde pendant des semaines sans montrer les pièces qui le desservaient, celle-ci a botté en touche. Selon elle, elle n'avait pas à porter de jugement sur Philipp Hildebrand car l'enchaînement des derniers événements devait encore être éclairci et le Conseil fédéral n'avait pas encore pu en discuter.
Un soutien pour Hildebrand
Philipp Hildebrand trouvera un avocat en la personne du rédacteur en chef de L'Hebdo. Dans un éditorial, Alain Jeannet relève dans cette affaire ce qu'il appelle une tragique ironie. L'homme qui a tant lutté contre les excès du capitalisme financier tombe pour avoir acheté et vendu des devises à titre privé, écrit Alain Jeannet. Mais faire du patron de la BNS l'incarnation des vices de la haute finance est absurde. Outre Philipp Hildebrand, victime de sa négligence, il y a d'autres perdants dans cette affaire. La Suisse est désormais privée d'une personnalité d'exception. Le Conseil fédéral et le Conseil de la BNS, qui se sont révélés peu diligents, plongent dans la crise. La place financière apparaît comme une république bananière lorsque les comptes du premier banquier du pays sont étalés sur la place publique. Un coup de plus porté à la crédibilité du secret bancaire. Et une dernière victime, l'employé de la banque Sarasin à l'origine de la fuite, peut-être manipulé et qui risque de payer le prix fort.
La surprise de Didier Burkhalter
Le chef des Assurances sociales est promu aux Affaires étrangères: c'est la surprise du chef du Département des affaires étrangères. Didier Burkhalter a décidé de nommer le Fribourgeois Yves Rossier au poste de secrétaire d'Etat au DFAE. Un pari audacieux, note Le Temps: bien que Yves Rossier présente un CV bien étoffé, il n'est pas du sérail. L'éditorialiste du quotidien perçoit une reprise en main du DFAE. Il se peut aussi, écrit notre confrère, qu'un verrouillage par le haut avec création d'un cordon sanitaire autour du chef se développe, ce qui n'irait pas sans tension. Didier Burkhalter se plaît à dire qu il "ouvre les fenêtres". Prépare-t-il une rupture avec la politique étrangère de la Suisse? Si l'on peut s'attendre à quelques changements, l'éditorialiste rappelle que les principaux problèmes de la diplomatie suisse restent les mêmes. Par exemple les conflits non résolus avec l'Union européenne: la priorité des priorités.
La caisse maladie CPT mise sous tutelle
La presse alémanique commente abondamment ce matin la décision de l'autorité de surveillance des marchés financiers, la FINMA, de sanctionner les responsables de la caisse maladie bernoise CPT. Une caisse qui est mise sous tutelle et contre laquelle une plainte pénale va être déposée. La Berner Zeitung constate horrifiée que la situation de cette caisse était bien plus mauvaise qu'on ne le croyait. La FINMA a agi durement en interdisant à l'ancien président du conseil d'administration de la CPT, Walter Bosch, et à l'ancien vice-président, Bernhard Liechti, d'exercer toute activité dirigeante dans le domaine financier pendant quatre ans. Le gendarme financier confisque également les émoluments acquis par les deux hommes depuis 2009. Pour le commentateur bernois, si la FINMA avait agi autrement, elle n'aurait pas été comprise par les acteurs de la profession. Pour le Bund, une page est en train de se tourner pour les caisses maladie. On va devoir aller vers davantage de transparence. Ce qui est une urgence dans ce milieu, selon le journal bernois. La voix positive nous vient du Tages-Anzeiger qui explique que cette crise est une chance pour la CPT. Cette caisse ne pourra que repartir sur de nouvelles bases avec un haut niveau de transparence. C'est un peu la thérapie du coup de pied au fond de la piscine...
Des demandeurs d'asile qui s'évaporent
Le Bund et le Tages-Anzeiger révèlent ce matin qu'un demandeur d'asile sur huit disparaît des écrans de radar des autorités suisses avant que leur cas ne soit traité. Et quand la décision est négative, c'est une personne sur quatre qui s'évapore dans la nature. Sachant que plus de 22'000 personnes ont déposé une demande l'année dernière, cela donne une idée des proportions. Le taux de disparition augmente d'ailleurs au fil des ans. Pour le secrétaire général de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés Beat Meiner, cette situation n'est pas le fruit du hasard. Plus la prise en charge du demandeur d'asile par l'Etat est faible, plus les cas de disparition risquent de se produire. Qu'advient-il de ces personnes disparues ? Il semblerait qu'elles deviennent généralement des sans-papiers, qui sombrent dans des situations toujours plus glauques.
dk avec Jean-François Moulin et Maurice Doucas / rsr