Modifié

La presse évalue la prestation d'Ueli Maurer

Ueli Maurer était entouré par l'état major de l'armée suisse, pour répondre aux questions des journalistes. [KEYSTONE - Lukas Lehmann]
Ueli Maurer était entouré par l'état major de l'armée suisse, pour répondre aux questions des journalistes. - [KEYSTONE - Lukas Lehmann]
C'est désormais presque devenu un feuilleton quotidien. La presse commente bien entendu mercredi les explications données par le ministre de la Défense Ueli Maurer au sujet de l'achat des avions Gripen. Mais le ton de ce côté-ci de la Sarine est beaucoup plus critique que celui utilisé par la presse alémanique. La polémique enfle, aussi, quant à des rumeurs de copinage au sujet du conseiller d'Etat genevois Mark Muller.

Prestation d'Ueli Maurer évaluée

Hier donc Ueli Maurer a finalement dit qu'il avait lu le fameux rapport négatif sur le Gripen. Il a défendu l'avion suédois. Et ce matin, les commentateurs des journaux évaluent sa prestation. Pour la Berner Zeitung, le ministre de la Défense a gagné la première bataille. Le Gripen est victime d'une manoeuvre de déstabilisation de plusieurs groupes d'intérêt. A commencer par la gauche, qui veut purement et simplement supprimer l'armée, mais aussi par les pilotes qui veulent le meilleurs avion entre les mains, et les constructeurs recalés qui espèrent un revirement. Hier, Ueli Maurer a été convaincant. Il a démontré que l'avion suédois avait finalement obtenu les notes suffisantes pour les besoins de la Suisse. La NZZ constate ce matin qu'une alliance malsaine "anti-Gripen" entre les antimilitaristes et les constructeurs recalés a fait son effet. Ueli Maurer estime que c'est normal. Peut-être a-t-il sous-estimé la capacité de nuisance de cette alliance. Une erreur monumentale qui pourrait provoquer un crash total. La Basler Zeitung constate de son côté que Ueli Maurer s'est dit prêt hier à étudier encore une fois les nouvelles offres des concurrents. Mais une baisse du prix n'est pas suffisante. Il faudrait en plus des concessions politiques. En clair, faire des concessions sur le survol des avions de ligne sur le sud de l'Allemagne. Ou encore faire des concession sur le différend fiscal.

Ne faut-il pas renoncer à acheter ces avions?

C'est en tout cas ce que suggère l'éditorialiste du Tages-Anzeiger. Comment les hauts gradés pouvaient-ils contester le Conseil fédéral en conférence de presse? Le commentateur constate aussi que SAAB est une petite entreprise. Que restera-t-il de SAAB dans 40 ans se questionne encore l'auteur? En achetant un jet, on se lie à un constructeur pour plusieurs décennies. Or, l'éditorialiste note plusieurs points critiques: les faiblesses techniques, des perspectives peu sûres et le manque d'argent. Face à cette situation, le journaliste propose tout simplement de reporter l'achat des avions de combat. Les 33 FA-18 peuvent à eux seuls assurer la police du ciel au moins jusqu'en 2030. D'ici là, on pourra acheter de nouveaux avions pour remplacer les FA-18. Et ainsi prévoir dans le programme d'armement des moyens pour un appareil efficace. Et ne pas choisir uniquement sur des critères financiers, comme c'est le cas pour le Gripen.

La presse romande n'est pas convaincue

La contre offensive d'Ueli Maurer ne convainc pas. Le doute subsiste, résume la Liberté, à propos des explications données hier par Ueli Maurer. Le ministre était pour l'occasion entouré par une brochette de hauts gradés de l'armée. Cette démonstration d'union sacrée ne suffira pas à éviter le crash aux 22 avions de type Gripen que le Conseil Fédéral projette d'acheter, pronostique l'éditorialiste de la Liberté. Notre confrère s'étonne que Ueli Maurer ait d'abord déclaré dimanche ne pas connaître ces documents critiques, avant de se raviser et de rejeter la responsabilité de ce cafouillage sur la fébrilité contagieuse des journalistes. Le Matin énumère les détracteurs de l'avion, derrière la belle unanimité affichée: l'UDC Yvan Perrin, qui dit rester sur sa faim, et Philippe Miauton, secrétaire du PLR suisse. Celui-ci fait part de l'étonnement de son parti concernant le manque de professionnalisme dans les réponses de Ueli Maurer. Quant au PS, il exige une clarification détaillée du processus qui a conduit au choix du Gripen.

Mark Muller soupçonné de copinage

Le conseiller d'Etat genevois Mark Muller aurait, selon un article publié mardi dans 20 Minutes, favorisé deux promoteurs qui loueraient au prix fort un immeuble de bureau. Le quotidien gratuit précise mercredi que Mark Muller n'a pas participé aux négociations sur le prix, qui serait conforme au marché. Le cas concerne le Saint Georges Center, un immeuble de bureaux construit au quartier de la Jonction. Parmi les propriétaires figurent deux promoteurs bien connus: Thierry Barbier-Muller et Patrick Pillet. Mark Muller aurait-il favorisé Thierry Barbier-Muller, dont on sait qu'il soutient le PLR? Mark Muller donne sa réponse dans les colonnes de la Tribune de Genève: "je connais tout le monde dans les milieux immobiliers. Si on veut m'accuser de copinage, on peut le faire chaque fois que j'octroie un mandat ou que je délivre une autorisation".

Docteur Mark et Mister Muller

Le conseiller d'Etat est d'ailleurs rebaptisé "Docteur Mark et Mister Muller" dans L'illustré. L'hebdomadaire se penche longuement sur le cas de ce "grand timide" qui se défend d'être un menteur lorsqu'on évoque ses déboires lors de la nuit de la saint Sylvestre, par une formule fort savamment concoctée: "je me suis excusé, donc je n'ai pas menti". Une déclaration à lire dans un portrait intéressant de ce libéral décrit comme simple et modeste. Bien plus sympathique que les membres de son parti, mais plombé par un manque d'ardeur au travail et une méconnaissance des dossiers. Et qui au moment de ses études s'était décerné le prix de la moins bonne maturité.

pbug, avec Jean-François Moulin et Stéphane Deleury / rsr

Publié Modifié