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Les candidats se pressent au portillon pour succéder à Mark Muller à Genève

Mark Muller finalement contraint à la démission. [Martial Trezzini]
La succession de Mark Muller attise les convoitises de toutes parts. - [Martial Trezzini]
Au lendemain de la démission du conseiller d'Etat genevois Mark Muller, la presse lémanique évoque largement la course à la succession qui s'annonce très ouverte. Polémique sur les rabais fiscaux accordés par les cantons, argent grec caché en Suisse et lent déclin du soutien au secret bancaire: les questions fiscales font aussi couler beaucoup d'encre.

La course à la succession Muller

Mark Muller "rend donc les clefs" pour reprendre l'expression du Courrier. Benito Perez, dans un éditorial, regrette que le conseiller d'Etat soit sanctionné pour une affaire privée. Car si les projecteurs médiatiques ont attendu les affaires du MàD et du sept pièces à 1800 francs pour l'éclairer, son art du louvoiement et de l'esbroufe aura marqué son passage au département des constructions. Les commentateurs ne se réjouissent pas du destin de Mark Muller, à l'instar de la rédactrice en chef du Matin. Mais l'homme n'était pas à la hauteur de sa tâche et qui a été tué par le déni, affirme le rédacteur en chef de la Tribune de Genève. Les torts du ministre sont si flagrants, écrit Sylvain Besson dans Le Temps, que l'aura de probité de tous nos dirigeants cantonaux s'en trouve amoindrie. Y compris celle du Conseil d’Etat qui, dans cette affaire, a fait preuve de lâcheté. Cela n'empêche pas les candidats à la succession de se précipiter au portillon pour une élection partielle historique, note La Tribune de Genève qui, à l' instar des autres quotidiens, énumère les prétendants. Le plus rapide, le MCG Eric Stauffer, qui se voit déjà en charge de la Sécurité, selon Le Matin. Chez les socialistes, c'est la cohue, note Le Temps. Enfin, au sein du PLR, on cherche le sauveur qui se fait discret. Car calmer les ardeurs fratricides sera aussi difficile que motiver les vocations dans un contexte électoral périlleux, explique Le Temps.

Ces rabais fiscaux qui dérangent

En Suisse depuis cinq ans, Vale, le numéro 2 mondial de l'exploitation minière, n'a pas encore payé un franc d'impôt. Une situation qui rend fou de colère le président des Verts vaudois Yves Ferrari. "Il y a un scandale", dit-il dans 24 Heures. Selon lui, les contribuables paient pour une erreur du chef des Finances Pascal Broulis. Selon ce raisonnement, les Vaudois perdent de l'argent en accueillant Vale International. Celle-ci leur coûte plus cher par le biais de la péréquation cantonale qu'elle ne leur en rapporte en recettes fiscales. Bref, explique l'auteur de l'article, l'Etat de Vaud cherche un accord à l'amiable avec cette multinationale d'origine brésilienne qui vient d'être l'objet de sa toute première taxation fiscale en Suisse en six ans. "Cela frise le code", commente notre confrère. Le fisc vaudois a arrêté sa décision en décembre dernier. C'était la der des ders. Encore quelques jours et Vale International n'aurait payé aucun impôt sur des bénéfices rapatriés en Suisse en 2006 après avoir été réalisés dans le monde entier. Sur cette question, la conseillère nationale et présidente des socialistes vaudois Cesla Amaralle s'apprête aujourd'hui à déposer une interpellation devant les Chambres: "Le Conseil fédéral reconnaît-il les effets pervers de cette forme de promotion économique par l'impôt?"

Peer Steinbrück remet une couche

Dans la presse alémanique, on évoque ce matin la dernière pique de Peer Steinbrück contre la Suisse. L'ancien ministre allemand des Finances a indiqué hier que les banques suisses devraient aussi contribuer à résoudre les problèmes financiers de la Grèce. C'est ce qu'indique le Tages-Anzeiger. Pourquoi ? C'est simple. Selon Peer Steinbrück, des milliards d'euros qui ont échappé au fisc grec dorment toujours dans les coffres des banques suisses. Et cet argent, toujours selon l'ancien ministre allemand, doit être imposé. Pour cela, il faut exercer sur la Suisse une pression massive. Peer Steinbrück est coutumier de ce langage peu diplomatique envers la suisse. On se souvient qu'il avait déjà déclaré, en 2009, que la décision de la Suisse d'assouplir le secret bancaire revenait à fuir devant l'arrivée de la cavalerie. Des propos qui avaient suscité la colère de Micheline Calmy-Rey, alors cheffe de la diplomatie suisse. Elle avait jugé ces paroles méprisantes et agressives. Aujourd'hui, Peer Steinbruck en remet une couche.

Un tabou bancaire qui saute

"Il ne doit plus y avoir de tabou autour du secret bancaire." Ces propos, que l'on découvre dans la presse alémanique, ne sont pas prononcés par n'importe qui. C'est le patron de la Raiffeisen Pierin Vincenz qui parle. Un homme de poids qui dirige une grande banque suisse. Ces paroles marquent un changement de culture au sein du milieu bancaire suisse. Jusqu'ici, les grandes banques helvétiques réclamaient à l'unisson le maintien du secret bancaire. Mais Pierin Vincenz est un pragmatique. Il sait que le débat au Parlement sur la convention de double imposition avec les USA aura lieu demain. Si les Américains obtiennent des milliers de données bancaires, il n'y a pas de raison que les Européens ne demandent la même chose, affirme-t-il dans les colonnes du Bund. Mais en ce qui concerne le secret bancaire pour les citoyens suisses, Pierin Vincenz y est extrêmement attaché.

dk, avec Jean-François Moulin et Maurice Doucas / rts

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