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Le départ de Merck Serono de Genève inquiète la presse suisse

Le siège de Merck Serono à Genève va fermer. [Salvatore Di Nolfi]
Le siège de Merck Serono à Genève va fermer. - [Salvatore Di Nolfi]
Echec régional, manque d'innovation, effet de la globalisation, séisme pour l'économie suisse et inquiétudes pour l'Arc lémanique, l'annonce par Merck Serono de la fermeture de son site de Genève fait les gros titres de la presse helvétique.

Les journaux romands et même suisses font part mercredi de leur inquiétude après l'annonce de Merck Serono de supprimer 580 emplois en Suisse et d'en transférer 750 autres sur d'autres sites d'ici le premier semestre 2013. Si La Liberté évoque un "séisme pour l'économie suisse", L'Agefi estime que cette fermeture représente surtout un lourd échec pour le développement régional.

Un manque d'innovation dénoncé

De son côté, 24 heures estime que les responsables sont les nouveaux patrons du groupe qui n'ont jamais vraiment voulu créer une culture d'entreprise à Genève. Ce qui explique pourquoi il est d'autant plus facile aujourd'hui de couper le cordon, regrette le quotidien vaudois.

Durant plusieurs décennies de présence au bout du lac, Serono n'a jamais pu attirer et développer les compétences scientifiques nécessaires à la pérennité d'une entreprise pharmaceutique, renchérit Le Temps. La principale raison de la fermeture du siège genevois de la multinationale est ainsi à chercher du côté du manque d'innovation, ajoute-t-il. En ce sens, cette décision est grave car elle signifie qu'à l'heure d'opérer un choix drastique, Merck a décidé de situer son avenir scientifique en Allemagne, aux Etats-Unis ou en Chine mais d'aucune manière à Genève.

Aveu d'impuissance

"Ainsi va le meilleur des mondes de la globalisation", ironise pour sa part l'éditorialiste du Courrier. Comment accepter qu'une entreprise qui réalise 745 millions de bénéfices et a copieusement augmenté ses bénéfices et ses dividendes en 2011 liquide plus de mille collaborateurs?, demande également la Tribune de Genève. "Adieu, chère Suisse", entonne encore le journaliste, qui fait part d'un certain aveu d'impuissance face à cette décision.

Le quotidien genevois est aussi perplexe face à la réaction du Conseil fédéral, qui ne se voit pas remettre en cause une décision bien pesée du géant industriel allemand. Et de conclure: "Le coup pendable qu'a joué Merck à l'Arc lémanique aura au moins fait comprendre la fragilité de la dynamique genevoise."

Inquiétant pour l'Arc lémanique

Dans la presse alémanique, on estime que Serono n'a pas répondu aux attentes du groupe allemand Merck. Celui-ci a en effet investi près de 17 milliards de francs pour acheter ce groupe pharmaceutique, notent le Bund et le Tages-Anzeiger, qui précisent qu'Ernesto Bertarelli a tout de suite mis son argent en sécurité et que, peu après, Merck a dû réinjecter 1 milliard supplémentaire. Il n'y aurait en effet eu aucun retour sur investissement concernant certains médicaments, par exemple le médicament anticancéreux Erbitux. Selon les deux titres alémaniques, Serono s'est surtout avéré un "monstre bureaucratique" pour Merck.

Pour la Neue Zurcher Zeitung, ces licenciements pourraient être un indice inquiétant pour l'Arc lémanique. Un indice qui indiquerait que les années de vaches grasses pourraient s'achever dans la région. Serono, les remises en question du secret bancaire et du monde financier en général sont autant de présages négatifs d'un futur pour le moins difficile pour cette partie du pays, conclut le quotidien zurichois.

boi avec Jean-François Moulin et Maurice Doucas

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