Des études ont montré, notamment pendant la pandémie, qu'être exposé presque en continu à des informations négatives augmente les risques pour la santé mentale.
"L'hyper-connexion est corrélée au risque psychique. Les personnes qui ont besoin d'un flux continu d'informations ont plus de risques de développer des symptômes anxieux, de dépression et de stress post-traumatique", explique dans La Matinale Lamyae Benzakour, médecin et responsable d'unité au sein du Service de psychiatrie de liaison et d'intervention de crise des HUG.
"Avec ce contexte géopolitique qui évolue parfois d'heure en heure, nous sommes suspendus à l'information, avec des messages anxiogènes et la crainte que la crise s'embrase. Cela nous met dans un état d'hypervigilance et limite notre perception de l'information, car nous allons nous focaliser sur celles qui sont négatives", souligne-t-elle.
Similaire à un traumatisme
Dans notre corps et notre cerveau, l'effet se rapproche d'une exposition à un traumatisme.
"On va se sentir soi-même en insécurité. (…) On va ressentir une identification aux victimes par le truchement de notre empathie. Savoir que d'autres humains sont touchés par des violences liées à la guerre peut activer les neurones miroirs: on va avoir l'impression que ce que vit l'autre, on le vit aussi", développe Lamyae Benzakour. "L'autre effet peut être de la résonance. Imaginez qu'une personne ait vécu des traumatismes de guerre ou d'attentat. Cela peut aussi réactiver des traumatismes qu'elle a vécus", ajoute-t-elle.
Comment se préserver?
Pour Lamyae Benzakour, il faut parfois savoir se couper de l'information, sans que cela signifie se désintéresser du monde.
Pour s'informer tout en se préservant, on peut privilégier des articles ou des reportages de fond, qui expliquent et décryptent. Pour certaines personnes, mieux comprendre permet de se sentir mieux, d'avoir une impression de reprendre un peu le contrôle, selon la psychiatre. Il peut aussi être utile d'en parler avec ses proches pour ne pas tourner les images seul dans sa tête. Et une dernière piste: osez vivre la beauté, les petits bonheurs du quotidien, sans culpabiliser.
Alexandra Richard/ami