Faut-il renforcer les mesures de prévention pour faire face à la recrudescence de coqueluche?
La prévention se concentre surtout sur les bébés, parce que c'est pour les nourrissons jusqu'à six mois que la maladie peut être dangereuse, voire mortelle chez les enfants de moins de deux mois. C'est la raison pour laquelle il est recommandé aux femmes enceintes de se faire vacciner, comme l'explique dans La Matinale Pierre-Alex Crisinel, médecin spécialiste en pédiatrie et infectiologie pédiatrique au CHUV.
"Il y a une vaccination qui est leur est proposée à partir du deuxième trimestre pour un transfert d'anticorps au nouveau-né. Dans ce cas, la protection sera effective pendant les trois premiers mois de vie."
Mais en dehors de la période de 0 à 6 mois, la coqueluche n'est pas une maladie grave, assure le médecin du CHUV. Elle est toutefois très gênante, générant une toux durant plusieurs semaines. L'objectif reste donc vraiment la protection des nourrissons, poursuit-il.
Des antibiotiques pour couper la contagiosité
Quoi qu'il en soit, les cas de coqueluche augmentent de manière générale, des flambées étant régulièrement signalées dans des crèches ou des écoles. Si une personne, enfant ou adulte, est positive, elle peut prendre un antibiotique. Mais le médicament ne va pas la soigner, seulement couper sa contagiosité.
Les règles en Suisse sont partout les mêmes, puisqu'elles sont le fruit des recommandations de l'OFSP. Pour les crèches, les enfants positifs en sont exclus le temps de ce traitement antibiotique. Concernant les écoles, la circulation de la coqueluche est tolérée.
Pratiques différentes d'un canton à un autre
Quant à savoir si l'entourage sera aussi dépisté, voire traité de manière préventive, les pratiques ne sont pas partout les mêmes. A Genève, les pédiatres se sont interrogés cet été lorsqu'ils se sont trouvés confrontés à de nombreux cas
"On était un peu perdus entre les recommandations et l'inquiétude des parents", explique Martine Bideau, coprésidente de la Société genevoise de pédiatrie, indiquant que ces derniers avaient eux aussi reçu de l'Office genevois de la santé des lettres leur indiquant des cas de coqueluche dans la classe de leur enfant.
"Donc ça a créé une certaine anxiété dans la population. Et c'est vrai que nous avions du mal à suivre ce qui est vraiment prévu pour les cas sporadiques. On aurait aimé peut-être avoir plus d'explications ou qu'on nous dise comment faire, parce qu'on a eu l'impression qu'entre les pédiatres, il y avait une certaine hétérogénéité de la prise en charge".
Les sensibilités des médecins varient. Certains prônent une circulation de la maladie sans se faire trop de soucis. D'autres préconiseraient une quarantaine stricte pour toute personne positive, enfant ou adulte, le temps du traitement antibiotique, en moyenne cinq jours.
Concernant les parents d’enfants malades, certains se posent la question du comportement à adopter. Risquent-ils de transmettre la maladie en prenant le train ou à leur travail, même s’ils sont asymptomatiques? "Non" répondent les nombreux médecins sollicités, parmi lesquels Pierre-Alex Crisine. Contrairement au Covid, la coqueluche se transmet uniquement en cas de symptômes, rhume et toux.
Deborah Sohlbank/fgn