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La consommation de Ritaline atteint des sommets en Suisse

La Ritaline, utile contre les troubles de l’attention, toujours plus consommée en Suisse: interview d’Amélie Dentz (vidéo)
La Ritaline, utile contre les troubles de l’attention, toujours plus consommée en Suisse: interview d’Amélie Dentz (vidéo) / Forum / 5 min. / le 23 octobre 2024
Prescrite pour traiter le TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité), la Ritaline connaît un succès croissant en Suisse. Des analyses des eaux usées ont montré que la consommation a atteint un nouveau sommet cette année, du moins à Zurich.

La Ritaline contient une molécule, le méthylphénidate, qui permet de traiter le TDAH, comme l'a expliqué mercredi dans Forum Amélie Dentz, enseignante à l'Université de Fribourg et spécialiste du TDAH.

"Quand les symptômes sont vraiment importants, le méthylphénidate va aider le patient à mieux se concentrer, à être moins distrait. Et en ce qui concerne les enfants, ça va leur permettre de pouvoir tenir une tâche plus longtemps, ça peut aussi réduire l'impulsivité, l'hyperactivité et l'agitation motrice."

Les prescriptions ont doublé en cinq ans

Près de 100'000 personnes ont reçu de la Ritaline en Suisse l'an dernier, soit plus du double qu'il y a cinq ans. Les experts suisses, eux, restent perplexes face à ce pic. Certaines hypothèses sont toutefois avancées, comme une augmentation des diagnostics de TDAH chez les adultes ou une prescription plus rapide et plus facile de Ritaline.

A cela s'ajoute l'utilisation du médicament à des fins récréatives, ainsi que comme stimulant cognitif, notamment chez les étudiants, car il aide à rester concentré pendant de longues périodes.

Pour expliquer cette hausse, Amélie Dentz met surtout en avant la reconnaissance du TDAH qui s'est nettement améliorée depuis 15 ou 20 ans. "Aujourd'hui, il y a davantage de professionnels formés à ce trouble, donc davantage de diagnostics posés, notamment chez les enfants, mais aussi de plus en plus chez les adultes."

Garde-fous

En revanche, la spécialiste balaie l'hypothèse d'une prescription de la Ritaline qui serait trop rapide ou facile. "Pour trouver un professionnel d'accord d'en prescrire, c'est six mois à un an, voire des fois plus selon où on est en Suisse", précise-t-elle. Car il ne faut pas confondre symptômes du TDAH et symptômes dépressifs ou anxieux, qui peuvent être très similaires. "Dans ces cas-là, il faudra plutôt prescrire des antidépresseurs."

Sans compter que le médicament est prescrit en tout dernier recours, "quand la souffrance est vraiment très forte". "En général, par exemple, on va d'abord proposer une prise en charge en thérapie avant de donner la Ritaline."

Danger d'une prise récréative

Amélie Dentz ne dément pas le fait que la Ritaline peut parfois être utilisée comme drogue festive ou comme dopage cérébral, même si aucune statistique n'existe à ce sujet. "La Ritaline peut induire par exemple une légère euphorie, un léger bien-être. Mais les effets ne sont pas aussi forts que la cocaïne par exemple", explique-t-elle, ajoutant qu'il n'y a pas non plus d'effet de dépendance.

Mais elle attire l'attention sur les dangers d'une prise de Ritaline dans ces conditions-là. "Il y a beaucoup d'effets secondaires, notamment au niveau cardiaque. Et on peut avoir des effets sur l'appétit, ça peut créer de l'hypertension, ça peut même avoir un effet un peu contraire pour des personnes qui n'ont pas de TDAH, comme créer une agitation, créer une irritabilité et de la nervosité importante."

Propos recueillis par Valentin Emery

Texte pour le web: Fabien Grenon

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