La Suisse est particulièrement touchée par le cancer du sein. Chaque année, 6400 femmes sont nouvellement diagnostiquées.
Parmi elles, 19% ont moins de 50 ans et 5% moins de 40 ans, a indiqué lundi Sophie Gabus, directrice de l'Association savoir patient (ASAP). Et de rappeler qu'il est la première cause de mortalité féminine entre 40 et 50 ans.
Un impact durable
Or la détection est souvent tardive avant 50 ans. "Ces femmes ne sont pas entendues par leur médecin", a déploré la coprésidente du Réseau cancer du sein (RCS) Marylise Pesenti, diagnostiquée à 38 ans. Avec pour conséquence une tumeur plus grande et une atteinte des ganglions sous le bras. Compte tenu du fait que la biologie des cancers chez les femmes plus jeunes est souvent plus agressive, le pronostic est moins bon.
"Ces femmes sont impactées dans leur vie, pendant la maladie, mais également après. [...] Elles peuvent perdre leur travail ou vivre une séparation en raison de leurs changements physiques", explique Sophie Gabus au micro de Forum.
Banalisation des symptômes, nodules douloureux, histoire familiale de cancer du sein ou priorités autres peuvent expliquer le retard de diagnostic. "L'idée est de dire aux femmes qu'elles connaissent très bien leurs seins. Si elles constatent la moindre chose, comme un écoulement du mamelon, une modification de la forme, un effet peau d'orange, [...] alors il faut qu'elles consultent. Un cancer peut évoluer en quelques semaines, notamment chez les jeunes femmes", rappelle Sophie Gabus.
Les femmes connaissent très bien leurs seins. Si elles constatent la moindre chose, il faut qu'elles consultent
Si les traitements sont de plus en plus personnalisés, ils sont plus complexes lorsque la patiente est jeune, avec des effets secondaires plus difficiles à vivre. "Les femmes jeunes sont plus à risque d'interrompre leur traitement hormonal. Il faut les aider à mieux le supporter", a de son côté indiqué lors de la conférence de presse le docteur Khalil Zaman, coprésident du RCS et oncologue responsable du Centre du sein du Centre hospitalier universitaire vaudois.
Les directives européennes préconisent une prise en charge pluridisciplinaire de la patiente dans sa totalité. "Il faut tenir compte des besoins spécifiques des jeunes femmes, comme leur désir de grossesse", a indiqué la professeure Pelagia Tsoutous, coprésidente du RCS et médecin cheffe du service de radio-oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève.
Campagne dans les pharmacies
La campagne de sensibilisation visant à prévenir un diagnostic tardif du cancer du sein chez les femmes de moins de 50 ans, qui ne bénéficient pas des programmes cantonaux de dépistage, sera diffusée dans des pharmacies. Elle sera accompagnée d'une vingtaine d'événements pendant tout le mois d'octobre, à commencer par l'illumination du jet d'eau en rose mardi à Genève.
L'ASAP développe des synergies entre les patients, les professionnels de terrain et les chercheurs afin de promouvoir l'amélioration des soins et de la qualité de vie. Elle héberge notamment le RCS, une plateforme d'expertise qui regroupe désormais 35 organismes en Suisse romande.
Pour plus d'information, vous pouvez vous rendre sur le site de l'Association savoir patient.
Interview radio: Mehmet Gultas
Texte web: Raphaël Dubois avec ats