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Le poisson, entre bienfaits et risques pour la santé

Le poisson, longtemps vanté pour ses bienfaits nutritionnels, notamment grâce aux fameux oméga-3 que le corps ne sait pas fabriquer, fait face à de nouvelles inquiétudes. A cause de la pollution, les poissons concentrent également des métaux lourds comme le mercure. Le bénéfice l’emporte-t-il toujours sur le risque? Quelle quantité et quelle variété consommer?

Le poisson occupe une place de choix dans nos assiettes. Il est réputé pour ses nombreux bienfaits sur la santé, comme l'explique la docteure Diana Kadouch, médecin nutritionniste: "Le poisson est clairement bon pour la santé parce qu'il a plusieurs vertus. Il est notamment très riche en protéines. Mais ce qui est le plus intéressant est la présence de lipides qu'on appelle grossièrement les bonnes graisses."

Ces "bonnes graisses", notamment les oméga-3, ont de multiples effets positifs: protection du système cardiovasculaire, prévention des AVC, prévention des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, etc. Comparé à la viande rouge, le poisson sort gagnant sur de nombreux critères nutritionnels. Par exemple, le maquereau contient moins de calories, plus de protéines et des lipides de meilleure qualité que le bœuf. Le poisson est aussi plus riche en vitamines.

Les risques liés à la consommation de poisson

Malgré ses bienfaits, le poisson présente aussi des risques pour la santé, principalement liés à la pollution des océans et aux méthodes d'élevage intensif.

Les poissons ont des contaminants dans leur chair, notamment les PCB, les dioxines et le méthylmercure

Julien Jean, Chef de projet scientifique, Anses

Julien Jean, chef de projet scientifique à l’Agence de sécurité sanitaire des aliments, alerte sur les contaminations par des polluants: "Les poissons ont des contaminants dans leur chair, notamment les PCB, les dioxines et le méthylmercure." Ces substances toxiques s'accumulent particulièrement dans les gros prédateurs comme le thon ou l'espadon. Le mercure peut avoir des effets graves sur le système nerveux.

L'exemple de la tragédie de Minamata au Japon, dans les années 1950, illustre les conséquences potentiellement dramatiques d'une intoxication au mercure via la consommation de poissons contaminés. À l'époque, 13'000 personnes avaient été intoxiquées et 900 personnes tuées par des poissons contaminés par les rejets de mercure de l'usine pétrochimique voisine.

Si vous mettez trop de gens dans un immeuble et que vous les laissez trop longtemps, vous allez voir apparaître des maladies. C'est exactement la même chose qui se passe avec les poissons

Ruben Oddekalv, Association « Les Guerriers verts de Norvège »

L'élevage intensif de poissons, notamment de saumons en Norvège, pose également problème. L'utilisation massive de pesticides et d'antibiotiques pour lutter contre les parasites et les maladies entraîne des conséquences sur la qualité du poisson et l'environnement. "Si vous mettez trop de gens dans un immeuble et que vous les laissez trop longtemps, vous allez voir apparaître des maladies. C'est exactement la même chose qui se passe avec les poissons", explique Ruben Oddekalv, de l'association "Les Guerriers verts de Norvège".

Si le saumon d'élevage peut poser problème, il existe heureusement des alternatives pour en manger en toute tranquillité: choisir un saumon élevé dans de plus petites structures, si possible en label bio, ou bien se tourner vers la truite saumonée.

Dernière recommandation: évitez de les choisir fumés, car ce mode de préparation présente aussi un danger pour la santé. La plupart des marques industrielles contiennent beaucoup trop de sel. De plus, avec le fumage, le poisson contient des hydrocarbures reconnus comme substances cancérigènes.

La consommation de poisson cru (sushis, tartares, etc.) expose à des risques de parasitoses, notamment l'anisakiase, un petit ver d'à peine 1 cm qui peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine. Le parasite ne se développe que chez les poissons sauvages et certaines mesures permettent d'éviter la contamination: soit en plaçant le poisson 24 heures à -20 degrés dans un congélateur professionnel, soit sept jours dans les congélateurs moins performants des particuliers.

"Si le poisson a été soit congelé, soit bien cuit, le parasite meurt. Donc, de ce fait, il n'y a plus de risque pour la santé," complète Mélanie Gay, chercheuse en bactériologie et parasitologie à l'Anses.

Faut-il bannir le poisson de notre alimentation?

Face à ces constats, faut-il bannir le poisson de notre alimentation? Non, répond l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) française, qui recommande deux portions par semaine, dont un poisson gras.

Pour profiter des bienfaits du poisson tout en limitant les risques, quelques précautions s'imposent: varier les espèces et les provenances, privilégier les petits poissons et les poissons issus de petits élevages bio, alterner entre poissons de mer et poissons d’eau douce, comme la truite arc-en-ciel, bien cuire ou congeler le poisson cru, respecter la chaîne du froid, limiter la consommation pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.

De nouvelles alternatives émergent également, comme le poisson cultivé en laboratoire. Des start-ups développent des produits à base de cellules de poisson sans contaminants. Bien que cette solution soulève des questions éthiques, elle pourrait offrir une alternative intéressante à l'avenir.

En conclusion, le poisson reste un allié précieux pour la santé, à condition de le consommer de façon raisonnée et éclairée. En suivant ces recommandations, on peut continuer à profiter de ses bienfaits tout en limitant les risques.

Reportage TV: Safar Baroud

Adaptation web: Gaëlle Bisson

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