Résumé de l’article

  • Selon une étude publiée dans le Lancet Diabetes & Endocrinology, des experts proposent une nouvelle définition de l'obésité, qui n'est pas toujours considérée comme une maladie. Cependant, l'OMS la reconnaît comme telle.
  • Les spécialistes recommandent de distinguer l'obésité "clinique" de l'obésité "pré-clinique" pour éviter une surmédicalisation.
  • Des experts proposent de redéfinir l'obésité au-delà de l'indice de masse corporelle, jugé insuffisant pour l'évaluer correctement
  • En Suisse, environ 700'000 adultes et 50'000 enfants sont touchés par l'obésité, mais moins de 10% reçoivent un traitement adéquat.
  • Vers une nouvelle définition de l'obésité et une remise en question de l'IMC

    La pédiatre Nathalie Farpour-Lambert. [RTS]
    La définition de l’IMC est remise en question: interview de Nathalie Farpour-Lambert / Le 12h30 / 4 min. / aujourd'hui à 12:36
    La question de savoir si un obèse est toujours malade se trouve au cœur d'un débat controversé en médecine moderne. Selon une étude publiée dans le Lancet Diabetes & Endocrinology, des experts proposent une nouvelle définition de l'obésité, soulignant que l'indice de masse corporelle (IMC) est insuffisant pour l'évaluer.

    "L'idée que l'obésité soit une maladie est au fondement de l'un des débats les plus controversés et clivant de la médecine moderne", résume le travail publié mercredi dans le Lancet Diabetes & Endocrinology.

    Le long article est signé par plusieurs dizaines de spécialistes de l'obésité. Ils se sont mis d'accord pour redéfinir la manière dont on caractérise cette condition, ainsi que les problèmes qu'elle représente sur le plan médical. Le sujet est très délicat, car il provoque régulièrement d'âpres débats qui dépassent la seule communauté médicale.

    On sait que l'obésité est associée à une vaste série de pathologies comme le diabète ou des maladies cardiovasculaires. Mais pour certains observateurs, un obèse peut parfois vivre en bonne santé et son surpoids ne doit, alors, pas être considéré que comme un facteur de risque.

    L'OMS reconnaît l'obésité comme maladie

    Pour d'autres, l'obésité est forcément un problème de santé, qui doit être considéré comme une maladie en soi. C'est le point de vue de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

    Les nouvelles recommandations de médecins mondiaux, issus notamment des Hôpitaux universitaires de Genève, cherchent à nuancer la définition de l'obésité: en résumé, l'obésité peut être considérée comme une maladie, mais pas systématiquement.

    Cependant, cette reconnaissance de l'OMS permettra "d'améliorer la prise en charge et aussi les soins aux patients", explique mercredi dans le 12h30 de la RTS Nathalie Farpour-Lambert, pédiatre, médecin-associée aux HUG et consultante pour l'OMS.

    Elle précise que cela devrait permettre d'adapter le système de soins et d'améliorer l'accès aux traitements. Actuellement, les critères d'accès aux traitements médicamenteux sont trop stricts.

    En Suisse, les personnes touchées par l'obésité ne sont pas encore suffisamment prises en charge. "Environ 700'000 adultes, 50'000 enfants et adolescents sont touchés par l'obésité en Suisse, mais moins de 10% des adultes et moins de 1% des enfants reçoivent un traitement adéquat", souligne Nathalie Farpour-Lambert.

    L'obésité redéfinie au-delà de l'IMC

    Dans leur rapport, les experts insistent sur un point désormais consensuel: l'indice de masse corporelle (IMC), qui mesure le ratio entre poids et taille, est insuffisant pour évaluer correctement l'obésité.

    Il faudrait le compléter par d'autres examens pour décider si un patient est obèse: mesurer son tour de taille par exemple, ou, via des techniques de radiologie, estimer la quantité de graisse dans l'organisme.

    Mais même si un patient est déclaré obèse, les experts ne jugent pas forcément qu'il faille y voir une maladie. Selon eux, c'est seulement si des organes manifestent des signes de dysfonctionnement que l'obésité devient "clinique".

    Sans cela, ils appellent à parler d'obésité "pré-clinique". Il ne s'agirait alors pas d'une maladie, mais d'un état qui nécessite essentiellement des mesures de prévention, et pas forcément des traitements médicamenteux ou chirurgicaux, afin d'éviter une "surmédicalisation".

    Sujet radio: Pauline Rappaz

    Adaptation web: agences/Miroslav Mares

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