La fin du monde est annoncée et il faut se préparer à l'après. Ce discours constitue l'idée centrale de la collapsologie, l'étude de l'effondrement de nos différents systèmes, qu'ils soient alimentaires, énergétiques ou sanitaires.
Le néologisme a été inventé par l'ingénieur agronome français Pablo Servigne et l'écoconseiller belge Raphaël Stevens, qui ont rédigé plusieurs ouvrages sur la question, dont "Une autre fin du monde est possible", paru l'an dernier.
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Au coeur du discours des collapsologues figurent la crise environnementale et les limites de la croissance économique. Le point de non-retour aurait été atteint. L'effondrement de notre civilisation thermo-industrielle - c'est-à-dire dépendante des énergies fossiles - aura lieu entre 2020 et 2030, affirment les collapsologues, ne croyant pas à la possibilité d'une transition écologique.
Vers une nouvelle société et davantage de liens
Est-ce une vision apocalyptique de notre avenir? Pour Gabriel Salerno, assistant-doctorant au sein de la faculté des géosciences et de l'environnement de l'Université de Lausanne, les éléments principaux de la collapsologie empruntent davantage à une interprétation cyclique. Car pour ceux qui tiennent ce discours, l'effondrement annoncé permettra aux hommes et femmes de construire ensemble une nouvelle société.
Une société basée sur les concepts de "simplicité, solidarité et résilience", composée de communautés locales. "Recréer du lien dans notre société, c'est absolument indispensable, du lien entre nous, du lien avec nos émotions", explique Pablo Servigne dans une de ses vidéos à succès diffusées sur internet.
"Le pouvoir de ces récits réside dans le fait de chercher à créer un futur que l'on désire, de pousser dans une direction, pas tant de prévoir ce qu'il va se passer", analyse Gabriel Salerno au 19h30. La collapsologie ne constitue ainsi pas une théorie comme par exemple celle sur l'effondrement de la civilisation maya, précise le chercheur. Il s'agit plutôt d'un discours ancré dans le présent.
Une discipline balbutiante
Mêlant écologie, économie, psychologie et bien d'autres disciplines, la collapsologie est qualifiée de balbutiante par ses propres auteurs. Une discipline balbutiante qui suscite des critiques.
Le concept d'effondrement - commun à toutes ces branches - suffit-il à construire une nouvelle discipline scientifique? La collapsologie constitue-t-elle un discours réactionnaire? Enlève-t-elle son aspect politique à l'écologie? Pousse-t-elle les habitants de la planète à baisser les bras?
"Aujourd'hui, nous sommes des pantins rattachés au système par des fils dont nous sommes dépendants pour nous mouvoir et exister. Ces fils sont l'industrie agroalimentaire, les banques, internet, etc. S'ils se cassent, on meurt. Il faut donc apprendre dès aujourd'hui à se débrouiller sans", déclarait en décembre dernier Pablo Servigne lors d'une conférence à Paris, soulignant avant tout l'aspect préventif de sa démarche.
>> Les explications du professeur Dominique Bourg:
Reportage TV: Chloé Steulet
Adaptation web: Tamara Muncanovic