Ces services espionnent les téléphones par le Cloud, la technologie de stockage de données à distance, et ont uniquement besoin des identifiants des appareils ciblés: selon les smartphones, il s'agit du compte Google ou Apple.
Ces informations peuvent s’obtenir très facilement. En ce qui concerne les téléphones d’entreprise, par exemple, les informaticiens ont accès aux données. Par ailleurs, dans un cadre familial, ces informations sont disponibles si le smartphone en question est offert par un proche, ou tout simplement en échangeant des photos sur le Cloud.
Il suffit de transmettre ces identifiants aux services d’espionnage en ligne, qui, en 24 heures, sont capables d'ouvrir l'accès à un tableau de bord contenant les messages, même ceux effacés, les appels, l’historique de navigation, les notes, les traces GPS et les applications installées, sans même avoir à toucher le téléphone ciblé.
Des abonnements mensuels
Ces services d’espionnage des téléphones à distance se trouvent facilement sur internet: certains font même de la publicité pour leurs pratiques illégales. De nombreux sites proposent ce service sous forme d’abonnement mensuel, compris entre 70 et 130 francs par mois.
Certaines offres de ce type sont gratuites, mais il s'agit d'une arnaque: les identifiants communiqués seront probablement volés. D’autres services, payants, n’offrent pas toutes les fonctionnalités annoncées. Par contre, le paiement est bien débité.
Steven Meyer, expert au sein de l'entreprise de cybersécurité ZENData basée à Genève, révèle que des personnes le sollicitent pour des questions d'espionnage via smartphone. "Quelquefois, ils viennent demander s'ils peuvent accéder au téléphone de leur conjoint, par exemple, mais dans la majorité des cas ce sont des gens qui sont victimes d'un autre espion", explique-t-il mardi dans l'émission On en parle de la RTS.
Peine de prison
"Pour se protéger de ces pratiques, une des premières choses à faire, c'est de changer son mot de passe lorsqu'on suspecte d'avoir été hacké. On peut aussi s'assurer que son téléphone est mis à jour", conseille Steven Meyer.
L’espionnage sans en informer la personne n’est pas légal. Selon le Code pénal, une personne qui utiliserait un service pour surveiller le smartphone de quelqu’un sans son autorisation prend le risque d’être puni de trois ans de prison. Il s'agit de la peine maximale.
Pour ce qui est des victimes qui remarqueraient qu’elles sont espionnées, elles peuvent porter plainte auprès de la police et entamer une procédure civile pour interdire l’atteinte ou obtenir un dédommagement.
Didier Bonvin/gma