Entre 2000 et 2006, les émissions ont augmenté de 2,3%, passant
de 17,6 à 18 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, précise le
secrétariat exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques (CCNUCC) dans son rapport annuel.
L'étude publiée à Bonn, en Allemagne, à deux semaines de la
conférence sur le climat qui s'ouvre le 1er décembre à Poznan
(Pologne), porte sur 40 pays industrialisés.
Baisse dans les années 1990
Sur la période 1990-2006 (1990 étant l'année de référence), les
émissions des pays industrialisés ont globalement baissé de 4,7 %.
Mais ce résultat est dû à une nette baisse au début des années
1990.
Celle-ci est due à l'effondrement de l'URSS et de ses industries
d'Etat après la fermeture de nombreuses installations énergétiques
et industrielles obsolètes (-56% en Lettonie, -44% en Roumanie). Or
les émissions des pays de l'Est ont recommencé d'augmenter de +7,4%
entre 2000 et 2006 en raison d'une forte croissance économique.
En Suisse aussi
Toute amélioration depuis l'aube du 21e siècle semble imputable
à la conjoncture. L'Australie (+28,8% par rapport à 1990), le
Canada (+21,7%) ou les Etats-Unis (+14,4%) restent particulièrement
mauvais élèves, ainsi qu'en Europe l'Espagne (+50,6%) et le
Portugal (+40%).
En Suisse, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont
augmenté de 0,8% par rapport à 1990 et de 2,8% entre 2000 et 2006,
selon les chiffres de l'Office fédéral de l'environnement
(OFEV).
Préparer l'après-Kyoto
Pour Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la CNUCC,
l'inventaire publié lundi «témoigne qu'il est urgent à Poznan de
faire des progrès dans le processus de négociation et d'avancer
rapidement vers la définition d'un nouvel accord pour relever le
défi climatique».
La communauté internationale doit entamer à Poznan la négociation
du futur traité qui succèdera au protocole de Kyoto en 2013 et
s'accorder d'ici fin 2009 sur des objectifs de réduction.
Selon les experts internationaux du GIEC, les émissions de gaz à
effet de serre (GES) devraient cesser de croître dans les quinze
ans puis plonger radicalement, pour garder un climat gérable à la
fin du siècle.
Les Etats-Unis, toujours et encore
L'administration américaine, qui a refusé de signer le protocole
de Kyoto, table sur une augmentation des émissions de GES jusqu'en
2025. Le futur président Barack Obama, auquel George Bush remettra
le 20 janvier les clés de la Maison blanche, s'est engagé à les
réduire de 80% par rapport à 1990 d'ici 2050.
ats/sbo
Lettre ouverte au Conseil fédéral
Directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA, James E.Hansen demande au Conseil fédéral d'intervenir en faveur d'un moratoire sur les investissements suisses dans des centrales à charbon à l'étranger.
Plusieurs sociétés suisses ont de tels projets en Allemagne et en Italie. La Suisse n'a jamais exploité de centrale à charbon et produit son électricité sans combustibles fossiles, rappelle l'expert américain.
Selon lui, rompre avec cette tradition constituerait un «virage désastreux» de la part d'un pays dont la réputation en matière écologique est exemplaire.
Pour éviter le chaos climatique, l'humanité doit abandonner le charbon entre 2010 et 2030, explique-t-il dans sa lettre écrite à titre privé sur la demande de «LaRevueDurable» et du collectif «Non au charbon !».
La concentration de CO2 dans l'atmosphère doit être ramenée au plus vite au-dessous de 350 parties par million (ppm) pour garder le climat sous contrôle. Or, selon lui, nous sommes d'ores et déjà condamnés à dépasser cette cible.
Si le charbon est abandonné à l'échelle mondiale entre 2010 et 2030, la concentration de CO2 dans l'atmosphère atteindra un pic à 400-425 ppm puis commencera à diminuer.
En cas d'échec, «les rejets dus au charbon resteront dans l'atmosphère pour les 1000 années à venir, entraînant un bouleversement du climat».