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Contre la tuberculose, il serait possible de forcer sa bactérie à se sacrifier

Lorsque la toxine MbcT est produite sans son antidote, elle induit la mort des bactéries (marquées en rouge).
Antonio Peixoto, Claude Gutierrez et Olivier Neyrolles
IPBS/CNRS-UT3–Paul Sabatier [IPBS/CNRS-UT3–Paul Sabatier - Antonio Peixoto, Claude Gutierrez et Olivier Neyrolles]
Pousser les bactéries de la tuberculose au suicide / CQFD / 9 min. / le 19 février 2019
Tirer parti du "suicide" du bacille de Koch, c'est le moyen original imaginé par une équipe européenne pour combattre la tuberculose, lʹune des dix premières causes de décès dans le monde.

Le bacille de Koch, bactérie responsable de la tuberculose, est régi par un étrange mécanisme qui vient d'être mis en évidence pour la première fois: elle produit à la fois une toxine, qui peut lui être mortelle, et son antidote. Pour contrer la maladie, il s'agirait soit de forcer le bacille à produire son poison, soit de l'empêcher de fabriquer son antidote.

Olivier Neyrolles, directeur de recherche à lʹInstitut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS) à Toulouse, rappelle dans CQFD que le suicide cellulaire existe car il est nécessaire au développement. "Chez les bactéries, la cause de ce phénomène est très débattue", explique-t-il. "Dans les situations où une bactérie est attaquée par un virus, elle peut se sacrifier pour éviter qu'il ne se propage dans la population bactérienne." Même observation lorsque celle-ci subit une carence en nutriments. "Le suicide chez les bactéries pourrait donc avoir une signification biologique."

Perturber le mécanisme naturel

L'activation de la toxine tue la bactérie avec une efficacité comparable à celle des antibiotiques. D'aveu de spécialiste, sa mise en oeuvre est encore lointaine mais les pistes sont prometteuses. "Si on peut trouver des molécules capables de défaire le complexe poison-antidote, on pourra injecter la toxine libre dans la bactérie, ce qui devrait la tuer", affirme Olivier Neyrolles. "Des travaux sont déjà en cours pour tenter d'en identifier."

Cette approche diffère d'une thérapie par antibiotiques. "On exploiterait le système naturel de la bactérie en la retournant contre elle", résume le directeur de recherche. Rien n'indique cependant qu'elle protégerait d'éventuelles résistances. "On oublie qu'elles émergent parce que les patients ne prennent pas leur traitement de manière suffisamment suivie. Si on intervient assez tôt, fort et de façon régulière, on pourrait éviter leur apparition." Un espoir pour les millions de personnes atteintes de l'infection dans le monde.

Propos recueillis par Huma Khamis/ani

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Lors de l'assemblée générale des Nations unies fin septembre 2018, les dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre un terme à la pandémie de tuberculose d'ici à 2030 en levant 13 milliards de dollars par an pour atteindre cet objectif.