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Le podcast natif révolutionne la consommation de l'audio

Les podcasts natifs connaissent un succès grandissant en Suisse et permettent de casser les codes radiophoniques.
Les podcasts natifs connaissent un succès grandissant en Suisse et permettent de casser les codes radiophoniques. / 19h30 / 2 min. / le 25 mars 2019
Apparu il y a treize ans environ, le podcast natif – soit 100% web – relance toute l'industrie du podcast. Ce format audio souvent long, diffusé exclusivement sur internet, bouleverse les codes de l'audio en Suisse comme à l'étranger.

Ils sont jeunes, branchés, souvent au profit d'une éducation supérieure. Hyperconnectés, ces consommateurs de technologies suivent l'actualité et aiment s'informer. Dès qu'ils ont un moment de libre, dans les transports publics ou dans leur voiture, durant leur jogging ou avant de s'endormir, ils écoutent des podcasts – contraction d'iPod et broadcast (diffusion en anglais) – et plus particulièrement des podcasts natifs ou originaux.

Marc Lamarche, fondateur de start-up, en est un fidèle consommateur. "Lorsque je cours, j'essaie d'écouter des podcasts qui sont un peu en relation avec mon travail, histoire de continuer ma journée", raconte le trentenaire lausannois dans le 19h30. "Cela me permet d'avoir des informations que je ne pourrais pas avoir ailleurs."

Car avec leur contenu original, souvent très ciblé et uniquement disponible sur internet, les podcasts natifs s'adressent à un public dit de niche. Ils se démarquent ainsi des podcasts traditionnels, dont le but est avant tout la retransmission en différé d'une émission radio sur le web.

Du matériel d'amateurs, mais une motivation de pros

Depuis près d'une année, Grégory Beaud et Jean-Frédéric Debétaz font partie des rares Romands qui s'essaient au podcast natif. Tous deux journalistes sportifs, ils ont décidé de lancer "Cold Facts", un podcast entièrement consacré au hockey sur glace, disponible sur plusieurs plateformes d'écoute comme Apple, Spotify ou Soundcloud. Ils y décortiquent l'actualité des clubs suisses sur plus d'une heure.

Leurs moyens sont simples, deux micros reliés à un ordinateur pour enregistrer leur discussion et leur salon en guise de studio. "Nous essayons de le faire de manière assez professionnelle quand même, même si nous sommes des amateurs, nous avons du matériel d'amateurs, mais nous essayons quand même d'être au plus proche du professionnalisme. Nous sommes encore loin, mais nous apprenons", explique Grégory Beaud.

Après 26 épisodes, ils comptent aujourd'hui plus de 1000 auditeurs chaque semaine. Un succès auquel ils ne s'attendaient pas.

Les grands acteurs de l'audio dans l'aventure

La tendance a poussé les grands producteurs audiovisuels en Suisse romande à se lancer également dans l'aventure. La RTS propose ainsi plusieurs podcasts, dont Info Verso, Heure locale, Iceberg ou Solange et Clarence. Une prise de risque cependant, étant donné le peu de statistiques à disposition sur la véritable consommation de ce média émergent.

"Nous n'avons pas beaucoup de chiffres, parce qu'on ne peut pas mesurer l'écoute du podcast. On peut mesurer le nombre de téléchargements d'un audio, on peut mesurer les abonnements à une série de podcasts, mais on ne peut pas mesurer l'écoute en elle-même. Il est donc difficile de se projeter", précise Armelle Roullet, responsable des contenus numériques à la RTS.

Spotify mise sur les podcasts

Pour les acteurs privés, ce flou sur l'audience réelle des podcasts ne facilite pas la monétisation de ces programmes. Une réalité qui ne fait pas peur aux géants de l'écoute en ligne. Spotify, numéro un mondial du streaming musical, a annoncé début février investir massivement dans les podcasts en rachetant les sociétés américaines Gimlet Media et Anchor pour plus de 300 millions de francs.

"Il s'agit vraiment d'étendre notre mission au-delà de la musique pour tout ce qui est audio", a alors expliqué le cofondateur et directeur général de Spotify, Daniel Ek, dans une interview sur CNBC. "Notre croissance dans les podcasts est simplement phénoménale", a-t-il affirmé.

Au total, le groupe suédois prévoit d'investir en 2019 entre 400 et 500 millions de dollars pour "de multiples acquisitions" dans le secteur des podcasts. Une mise importante pour ce qui pourrait s'avérer davantage qu'une mode.

Gilles de Diesbach/tmun

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