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Des algues à la rescousse de la planète

Le salut de la Terre pourrait venir du fond des océans.
Le salut de la Terre pourrait venir du fond des océans.
Comment produire davantage d'énergie tout en jugulant les émissions de CO2? Certains chercheurs pensent démêler ce casse-tête avec un allié inattendu: de minuscules algues.

Grâce à leurs propriétés naturelles, ces microalgues ont de
grandes vertus climatiques car elles sont gourmandes en dioxyde de
carbone, et énergétiques car elles sont aussi riches en lipides
exploitables pour produire du biodiesel.

Piste révolutionnaire

"C'est certainement l'une des pistes les plus enthousiasmantes
et les plus révolutionnaires dans le combat contre le changement
climatique et la satisfaction des besoins d'énergie", estime
Frederic Hauge, président de l'organisation écologiste norvégienne
Bellona, un des avocats du concept.



L'idée consiste à dérouter les fumées d'échappement
d'installations polluantes, centrales à charbon ou usines, et à les
injecter avec de l'eau dans des "photobioréacteurs", de gros tubes
transparents contenant des algues qui se repaissent de gaz suivant
le principe de la photosynthèse.



Elle a été testée avec succès par le prestigieux MIT (Institut de
technologie du Massachusetts). Après passage dans un bouillon
d'algues, les fumées de sa centrale de cogénération sont ressorties
purgées de 50 à 82% de leur CO2 et de 85% de leurs oxydes d'azote
(NOx), qui ont des effets très nocifs sur l'effet de serre.

Bilan carbone négatif!

Extraites des tubes, les microalgues peuvent être enfouies ou
relâchées dans les fonds sous-marins, piégeant leur CO2
indéfiniment. Appliquée à des centrales biomasse alimentées par des
végétaux cultivés en plein air et nourris du CO2 présent dans
l'atmosphère, la méthode aurait un bilan carbone négatif: elle
permettrait de retirer davantage de CO2 que celui dégagé par la
culture, le transport et la combustion des végétaux.



Equation insolite, une consommation accrue d'énergie entraînerait
donc une diminution des gaz à effet de serre (GES), incriminés dans
le réchauffement de la planète. "En regardant la télévision, en
passant l'aspirateur ou en conduisant votre voiture électrique pour
aller voir de la famille et des amis, vous aideriez ainsi à
supprimer du CO2 de l'atmosphère", souligne Frederic Hauge.

Une pierre trois coups

Plutôt que d'être entreposées, les algues peuvent être pressées
pour fabriquer du biodiesel, une alternative intéressante pour le
transport aérien par exemple. Le CO2 contenu dans le biodiesel sera
certes relâché dans l'atmosphère mais il aura eu une double utilité
énergétique, d'abord dans l'usine puis dans le réacteur de
l'avion.



Après pressage, les résidus d'algues peuvent aussi devenir des
engrais minéraux. "On fait d'une pierre trois coups. Les algues
servent à la fois à filtrer le CO2 des sites industriels, à
produire de l'énergie et à l'agriculture", précise Frederic
Hauge.



Encore largement à l'état de concept, la piste des algues reste à
défricher, notamment pour trouver les procédés industriels qui
permettront sa réalisation à grande échelle et pour identifier
quelles algues, parmi les centaines de milliers d'espèces existant,
sont les plus adaptées.



afp/cer

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Bien mieux que les biocarburants

Par rapport aux biocarburants de première génération, très controversés car rognant sur des cultures vivrières (tournesol, colza, betterave, blé ou maïs), les algues ont le gros avantage de ne pas empiéter sur les terres agricoles et d'être cultivables tout au long de l'année.

Elles ont aussi des rendements supérieurs aux espèces oléagineuses terrestres.

"Pour couvrir les besoins américains de carburants avec du biodiesel extrait de la plante terrestre la plus efficace, l'huile de palme, il faudrait utiliser 48% des terres agricoles du pays", affirmaient récemment des chercheurs du Centre norvégien de recherche sur le climat.

"Les Etats-Unis pourraient potentiellement remplacer tous leurs carburants pour automobiles à base de pétrole en cultivant des microalgues sur une superficie équivalant à 5% des espaces agricoles du pays, sur des terres qui, de surcroît, n'auraient pas besoin d'être cultivables", ajoutaient-ils.