En une année seulement, de 2017 à 2018, les cas de rougeole ont doublé dans le monde, passant à 230'000 cas. En Suisse, une cinquantaine de cas de rougeole ont été déclarés depuis le début de l'année et une personne est morte en France la semaine dernière.
Pourtant, malgré les dangers de la maladie, la fronde anti-vaccin ne faiblit pas. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, selon Alessandro Diana, pédiatre et spécialiste des maladies infectieuses aux HUG, interrogé lundi dans La Matinale.
"La désinformation qu'on trouve sur internet est le premier facteur. Mais les personnes veulent aussi davantage prendre le contrôle de leur santé et, surtout sous nos latitudes, les vaccins sont victimes de leur propre succès. Les personnes ne voient plus le besoin de se faire vacciner."
Problème de désinformation
La désinformation est le problème le plus important quand je parle à des parents vaccino-hésitants, a précisé le médecin. Pour un non-expert, il est très difficile de savoir si une information est juste ou pas.
A plus forte raison quand des études scientifiques annoncent des informations frauduleuses, comme celle publiée en 1998 qui établissait un lien entre l'autisme et la vaccination contre la rougeole.
"Cette publication dans The Lancet était une vraie fraude, mais pour un non-expert, cela ne met pas en confiance de savoir qu'un médecin puisse être un escroc", a encore relevé Alessandro Diana.
Rendre les vaccins obligatoires?
Pour éviter les risques de contagion, de nombreux pays rendent les vaccins obligatoires, comme la France. En Suisse, la question ne se pose pas pour l'instant. "Ce n'est pas à moi de dire s'il faut rendre les vaccins obligatoires, c'est une décision politique", a déclaré le pédiatre. "Mais l'obligation peut enlever le fardeau de la culpabilité chez certaines personnes hésitantes."
Mais le plus important pour tenter de convaincre les anti-vaccins est de les informer au mieux et de les rendre attentifs aux sources des informations qu'ils trouvent sur internet, a conclu Alessandro Diana.
Propos recueillis par Romaine Morard/lan