Ce stimulateur a été attaché sur le haut de la colonne
vertébrale de souris et de rats dont les chercheurs avaient réduit
de façon importante la teneur de leur organisme en dopamine pour
reproduire les caractéristiques biologiques de personnes souffrant
de Parkinson à différents stades de cette neuro-dégénérescence
progressive incurable.
Changement spectaculaire
La dopamine est une petite molécule assurant la communication
entre les neurones, les cellules nerveuses dans le cerveau. Quand
le stimulateur était mis en route, les animaux sans dopamine dont
les mouvements étaient lents et raides, ont commencé à se mouvoir
tout à fait normalement. Cette amélioration a été généralement
observée 3,35 secondes après le début de la stimulation.
"Nous avons observé presque immédiatement un changement
spectaculaire dans la capacité des animaux à se mouvoir quand
l'appareil stimulait électriquement leur moelle épinière", explique
le Dr Miguel Nicolelis, un neurologue de la faculté de médecine de
l'Université Duke en Caroline du Nord (sud-est), l'un des auteurs
de cette étude publiée dans la revue Science datée du 20 mars.
L'EPFL liée au projet
"En outre, ce stimulateur est simple à utiliser et beaucoup
moins invasif que les approches actuelles comme des médicaments ou
des stimulations électriques en profondeur du cerveau", ajoute ce
chercheur, qui enseigne également à l'Ecole polytechnique fédérale
de Lausanne (EPFL). "Enfin ce stimulateur pourrait être utilisé
très largement avec les médicaments les plus communément prescrits
pour traiter Parkinson", relève le Dr Nicolelis. (voir
ci-contre)
Les chercheurs vont maintenant tester leur implant chez des
primates et ensuite chez l'homme. Des neuroscientifiques du "Brain
Mind Institute" de l'EPFL y participeront. "Si nous pouvons montrer
que ce stimulateur est sans risque et efficace chez des primates
puis chez des humains, quasiment tous les patients atteints de
Parkinson pourront bientôt l'utiliser", selon le Dr Nicolelis. Plus
de 50'000 Américains sont atteints de Parkinson et 50'000 nouveaux
cas sont diagnostiqués annuellement.
agences/dk
Efficace en relation avec des médicaments
Quand le stimulateur de la moelle épinière était utilisé sur ces rongeurs sans médicament, ces derniers étaient 26 fois plus actifs que les autres souris et rats non stimulés.
Des animaux dont la moelle épinière était stimulée électriquement recevant également deux doses du médicament anti-parkinsonien L-DOPA avaient des mouvements comparables à cinq doses de ce traitement chez d'autres animaux sans stimulation électrique.
La L-DOPA qui permet une augmentation de la quantité de dopamine dans le cerveau, est l'un des médicaments les plus utilisés pour réduire les symptômes de Parkinson.
"Cette recherche répond à un besoin important car la L-DOPA finit par perdre ses effets avec l'aggravation des symptômes de Parkinson", souligne Romulo Fuentes, de l'Université Duke et le principal auteur de cette étude.
Parkinson, un dérèglement neuronal
Chez une personne en bonne santé, les neurones s'allument selon différentes fréquences réagissant aux informations transmises par le cerveau pour initier des mouvements normaux du corps, un processus compromis chez quelqu'un atteint de Parkinson.
"Ce stimulateur de la moelle épinière agit comme une interface entre le cerveau et le système neuronal pour faciliter la transmission des impulsions nerveuses", note Per Petersson, un des auteurs de l'étude.