L'institut de recherche Eawag et le Centre Ecotox ont concentré leur étude sur cinq petits cours d'eau aux bassins occupés par différentes formes d'agriculture, dont Le Bainoz (FR). Elles y ont prélevé des échantillons en continu de mars à octobre 2017 et les ont analysés.
Leurs constats, publiés mardi dans deux articles de la revue spécialisée "Aqua&Gas", sont sans appel: 145 substances actives ont été détectées, à raison de 71 à 89 par site.
Des espèces ont disparu
Des dépassements des critères de qualité environnementale ont été observés dans chacun des cinq ruisseaux. Des risques
d'effets chroniques pour les organismes aquatiques ont été identifiés sur une durée de trois à six mois et demi.
Les pollutions étaient parfois telles que des risques d'effets aigus ne pouvaient être exclus sur des périodes allant de deux à onze semaines. En cause: certains polluants problématiques, mais également des mélanges d'herbicides, de fongicides ou encore d'insecticides.
Dans l'Eschelisbach (TG), le risque calculé pour un tel mélange était 36 fois supérieur au seuil à partir duquel des effets sur la reproduction, le développement et la santé des végétaux, des animaux et des micro-organismes sont susceptibles de se produire. L'étude des invertébrés a même révélé que des espèces sensibles avaient disparu des sites pollués.
Mesures urgentes demandées
Pour Christian Stamm, spécialiste de pédo-hydrologie à l'Eawag, la pollution des cours d'eau ne pourra être réduite que moyennant une série de mesures. "Il faut par exemple substituer les substances particulièrement critiques, réduire les quantités appliquées et minimiser le lessivage à partir des sols", précise-t-il.
Et l'expert de souligner qu'il est "urgent de mettre en oeuvre" ces mesures. Celles-ci sont du reste prévues dans le Plan d'action national sur les produits phytosanitaires.
ats/boi