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Alliance internationale pour sauver les abeilles

Environ 18% des abeilles ont disparu cette hiver en Suisse.
Environ 18% des abeilles ont disparu cette hiver en Suisse.
La mortalité des abeilles a atteint un pic ces dernières années en Suisse et dans le monde. Pour lutter contre ce phénomène, qui peut avoir de graves conséquences économiques et écologiques, des scientifiques ont créé le réseau "COLOSS", dirigé par la station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux (ALP).

Les abeilles, qui existent depuis 30 millions d'années, jouent
un rôle prépondérant dans la pollinisation, indique mardi l'ALP
dans un communiqué.

Au cours des hivers passés, les apiculteurs suisses ont
enregistré des pertes particulièrement marquées. Cet hiver, le taux
de mortalité a grimpé à 18%, contre 10% en moyenne, a précisé Peter
Neumann, de l'ALP.



Dans le canton de Fribourg, ce ne sont pas moins d'un tiers des
abeilles qui ont été décimées durant cette saison. C'est sur les
abeilles d'hiver que repose la poursuite de l'élevage au printemps
suivant, souligne le communiqué. Si leur durée de vie est réduite,
"le redémarrage de printemps sera compromis".

Un acarien pointé du doigt

Outre les maladies ou les facteurs environnementaux, l'une des
causes les plus importantes de la perte de colonies est le "Varroa
destructor" (lire encadré), poursuit l'ALP. Les premiers moyens de
lutte contre cet acarien ont été des produits synthétiques.



Devenus inefficaces, ils ont été remplacés dès la moitié des
années 90 par des acides organiques et des huiles essentielles.
Cette méthode complexe demandant beaucoup de travail, le centre de
recherche a lancé une nouvelle offensive. Ses objectifs: optimiser
des moyens alternatifs pour combattre le "Varroa destructor" et
développer une lutte biologique durable. Cette dernière pourrait
passer par l'augmentation de la résistance des abeilles ou par la
diminution de la reproduction du parasite.



D'autres pays européens ainsi que l'Asie et les Etats-Unis sont
également touchés par une explosion de la mortalité des abeilles.
Afin de pouvoir comparer les données récoltées, des standards
internationaux doivent être créés, affirme l'ALP. Son centre de
recherches apicoles dirige dans ce but le réseau COLOSS, constitué
de 130 membres provenant de 35 pays, qui vise à répertorier les
populations d'abeilles et mettre fin au déclin des colonies.



ats/ap/sbo

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Coût économique de 153 milliards d'euros

Une étude franco-allemande publiée en 2008 estime que la valeur économique de la pollinisation par les insectes dans le monde est de 153 milliards d'euros, soit près de 10% de la production alimentaire destinée à l'homme, a relevé Jean-Daniel Charrière de l'Agroscope Liebefeld-Posieux.

Une étude nord-américaine conclut que le tiers des denrées alimentaires consommées sur le continent sont pollinisées par les animaux et que l'abeille mellifère est de loin la plus efficace.

Selon une estimation datant de 2002, la valeur totale des fruits et des baies récoltés en Suisse s'est élevée à 335 millions de francs, "dont 80% sont à mettre au compte de la pollinisation" par ces insectes.

Les pesticides rarement mis en cause

Le problème de disparition des colonies a été constaté en Europe, en Chine et aux Etats-Unis. Il peut présenter divers symptômes comme le "Colony Collapse Disorder" (CDD): les ouvrières disparaissent mystérieusement, laissant la reine, le couvain et la nourriture derrière elles.

A plusieurs reprises, des pesticides ont été mis en cause dans la disparition de colonies d'abeilles. Ce fut le cas au printemps 2008 dans le sud de l'Allemagne.

Les scientifiques demeurent toutefois prudents car il s'agit de cas isolés et localisés: il n'y a aucune raison de les mettre en relation avec les mortalités importantes de colonies survenant sur plusieurs continents et dont les causes ne sont pas établies.