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Les plateformes de sous-location sous la loupe d'une société vaudoise

Une capture d'écran de l'application PilierPublic.com. [PilierPublic.com - DR]
Une société vaudoise se lance dans la surveillance des plateformes de sous-location / La Matinale / 1 min. / le 9 avril 2019
Comment surveiller les personnes qui sous-louent leur logement sur une plateforme comme Airbnb? La question occupe les communes et cantons qui cherchent à traquer les fraudeurs. Une société, PilierPublic.com, a décidé de se lancer dans ce créneau, a appris la RTS.

La société vaudoise PilierPublic.com s'était fait connaître pour sa surveillance des mises à l'enquête. Depuis quatre mois, elle contrôle aussi des plateformes de location. Le service est unique en Suisse et les clients sont en constante augmentation.

Parmi ces clients, on trouve des communes, des fonds immobiliers ou encore des régies: autant de propriétaires qui auraient intérêt à savoir si leurs logements sont sous-loués.

PilierPublic.com répertorie donc chaque semaine les offres des sites Airbnb, Abritel, FeWo-direkt ou HomeAway en Suisse puis les transmet à ses mandataires selon leurs besoins.

"C'est un système automatisé, qui va aller chercher les informations nécessaires sur les sites des plateformes de sous-location, pour ensuite prévenir nos usagers des annonces géolocalisées près des lieux qui les intéressent. PilierPublic offre un moyen plus facile et efficace de surveillance afin de prévenir toute violation de la loi", décrit Guilhem Tardy, le responsable de PilierPublic.com.

Une majorité d'annonces en Suisse romande

Ce système inédit peut couvrir tout le pays. Cette semaine, il recensait un total de 26'257 annonces Airbnb et 8710 provenant d'autres plateformes. Plus de 90% de ces entrées (25'351 annonces) concernaient la Suisse romande.

A noter que le canton du Valais est largement en tête de cette statistique, avec plus de 7000 annonces Airbnb et près de 6500 sur d'autres plateformes (voir graphique ci-dessous).

Chaque semaine, certaines annonces disparaissent de la statistique, si elles ont été absentes plus d'un mois des plateformes de sous-locations. Mais d'autres font leur entrée dans cette base de données: en tout 488 nouvelles sous-locations ont été enregistrées rien que cette semaine, précisent les responsables de l'application.

Faire respecter la taxe de séjour

L'Association de communes de la région de Morges (ARCAM) fait partie des clients de PilierPublic.com.

"Actuellement nous ne pouvons pas identifier ces locations via Airbnb. L'avantage de la solution PilierPublic, c'est qu’elle nous assure un suivi de l'ensemble des locations sur les communes. Et puis qu'aucune personne ne pourrait déroger à la loi de payer des taxes de séjour quand elle met un bien en location sur un site", détaille le directeur de l'ARCAM Oscar Cherbuin.

PilierPublic vise à s'étendre dans toute la Suisse, et espère à terme développer son système à l'international.

Sujet radio: Tania Barril

Réalisation web: Jessica Vial

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Des règles d'encadrement difficiles à appliquer

La question de la régulation d'Airbnb et de ses concurrents se pose dans de nombreuses villes, en Suisse comme à l'étranger.

A Genève, par exemple, les autorités ont décidé en avril 2018 de serrer la vis, en limitant la durée de mise en location des logements entiers sur les plateformes de ce type. Mais les règles s'avèrent très difficiles à contrôler, comme l'indiquait en mars dernier une enquête de la RTS.

Le seuil de mise en location, qui était initialement fixé à 60 jours par an maximum, a notamment dû être porté à 90 jours en raison de suites judiciaires toujours en cours.

Et faute d'avoir obtenu la collaboration d'Airbnb, le canton doit se débrouiller seul pour débusquer les contrevenants. Il n'a pas mis sur pied de "brigade spéciale" mais "agit par contre sur dénonciation". Il y en a eu trois à ce jour et aucune sanction, selon les indications fournies par le canton.

Le conseiller d'Etat Antonio Hodgers, interrogé par la RTS en mars dernier, estime toutefois que l'effet d'annonce lié à ces nouvelles règles a permis de sensibiliser et de régulariser une partie du marché, même si certains contrevenants continuent à passer sous le radar.