L'immunothérapie est l'une des avancées principales en matière de lutte contre le cancer de ces dernières décennies. Elle était l'objet des recherches récompensées par le prix Nobel de médecine 2018.
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Ces traitements se basent sur des récepteurs-inhibiteurs des cellules cancéreuses, parfois appelés "checkpoints", qui trompent le système immunitaire. Le principe de l'immunothérapie est de masquer ces récepteurs afin que le corps élimine plus efficacement les cellules cancéreuses.
Traitements prometteurs mais incomplets
Il s'agit donc d'un traitement moins agressif, qui stimule le système immunitaire plutôt que d'attaquer directement le cancer.
Les immunothérapies actuelles ciblent un seul type de récepteurs-inhibiteurs. Or, selon les différents cancers, entre 50% et 80% des patients ne répondent pas au traitement, sans que les médecins ne se l'expliquent.
Les recherches publiées par Quentin Haas, chercheur du groupe du Professeur Stephan von Gunten à l'institut de pharmacologie de l'Université de Berne, permettent d'expliquer en partie ce taux d'échec.
"Une petite révolution"
L'étude, réalisée en collaboration avec les universités de Bâle et de Lausanne, met en évidence l'existence d'un nouveau type de récepteur, qui reconnaît les sucres complexes à la surface des cellules cancéreuses.
"Ce qu'on a montré, c'est que les tumeurs se couvrent de sucres complexes qui lisent ce récepteur (Siglec-9), inhibant ainsi la cellule immunitaire", explique Quentin Haas. "C'est une petite révolution, car depuis 30 ans, très peu d'importance était accordée aux sucres complexes en immuno-oncologie par rapport aux protéines".
Lorsque le premier récepteur est ciblé par l'immunothérapie, ce second récepteur peut donc prendre le relais. Selon le jeune chercheur, on peut espérer que des traitements soient développés sur base de cette découverte d'ici 5 à 10 ans.
Pierrik Jordan
Un écho international
La revue prestigieuse Cancer Immunology Research, qui bénéficie d'un fort impact, a mis la publication suisse à l'honneur, lui accordant même la première page de son édition de mai.
The #lectin #Siglec9 can regulate TCR signaling and effector function of human cytotoxic CD8+ T cells, and its defines a subset of effector memory CD8+ T cells that is prevalent in #melanoma tissues #TCRsignaling#Tcells https://t.co/VcnEy7bkW3 pic.twitter.com/9M2O4AgXKP
— Cancer Immunology Research (@CIR_AACR) 2 mai 2019
Cette découverte devrait ainsi permettre au groupe de chercheurs de bénéficier d'une forte visibilité au niveau international.