Les astronautes de la Nasa John Grunsfeld et Drew Feustel ont
passé plus de six heures dans l'espace, soit une heure de plus que
prévu, afin d'équiper de trois batteries neuves le télescope en
orbite depuis 19 ans autour de la Terre à 600 km d'altitude.
"Prenez votre temps. C'est votre dernière sortie sur Hubble.
Profitez-en", a lancé le commandant de bord de la navette, Scott
Altman, aux deux astronautes qui venaient d'achever les ultimes
travaux de la mission.
Dernière des 5 sorties orbitales
Ils ont aussi installé un nouveau système de guidage FGS (Fine
Guidance System) et des plaques d'acier inoxydable pour protéger
l'extérieur du télescope des radiations solaires. Cette sortie
était la dernière des cinq effectuées par l'équipage de la mission
Atlantis, qui doit durer 11 jours avant l'atterrissage de la
navette prévu vendredi à Cap Canaveral en Floride (sud-est des
Etats-Unis). La navette doit se séparer mardi du télescope.
La mission visait à prolonger de cinq ans l'existence du télescope
jusqu'à l'arrivée de son successeur, le télescope James Webb.
Dimanche, deux autres astronautes, Mike Massimino et Michael Good,
ont peiné pour mener à bien l'opération la plus délicate de la
mission: la réparation du spectrographe imageur du télescope (Space
Telescope Imaging Spectrograph, STIS), un des outils d'observation
de Hubble.
Le STIS, installé en 1997, était hors
service depuis 2004 en raison d'une panne électrique. Cet appareil
ultra perfectionné étudie la lumière des astres pour déterminer
leur température, leur vitesse et leur composition chimique.
Les astronautes ont dû ôter 111 vis de petite taille pour accéder
aux circuits à réparer lors de cette intervention délicate,
comparée par la Nasa à de "la chirurgie cérébrale".
La sortie a duré au total plus de huit heures, soit une heure et
demie de plus que prévu.
Sueurs froides dans l'espace
Comme un bricoleur du dimanche, Mike Massimino a multiplié les
jurons en approchant du spectrographe. L'accès aux 111 vis était en
effet obstrué par une pièce tenue par quatre verrous dont l'un
refusait de céder. Après plusieurs tentatives, l'astronaute a
obtenu le feu vert de la Nasa pour casser la pièce. "Ca y est,
c'est tout bon", a lancé un Mike Massimino soulagé en retirant
l'élément.
Les deux astronautes ont ensuite pu remplacer les circuits
endommagés. Un test électrique a montré que la réparation était
réussie. "C'est comme un rêve qui se réalise pour les milieux
scientifiques", s'est félicité l'astrophysicienne de la Nasa
Jennifer Wiseman, qui s'attend à ce que le nouveau spectrographe
soit mis intensément à contribution dans les années qui viennent.
"C'est un instrument unique. C'est pourquoi il s'agit pour nous
d'une victoire très importante", a-t-elle expliqué.
afp/mej
Hubble a déjà 19 ans
Hubble est déjà vieux de 19 ans.
Ce télescope a révolutionné l'astronomie avec ses images de naissance d'étoiles ou de collision entre galaxies.
Aujourd'hui un succès scientifique, le programme Hubble a failli se transformer en fiasco retentissant. Lors de sa mise en service en 1990, le télescope voyait flou, en raison d'un problème sur le miroir principal. Les astronautes y remédièrent en 1993, en installant des lentilles de correction.
Deux ans plus tard, en 1995, Hubble fit définitivement oublier sa réputation de myopie, en prenant des images passées à la postérité: de gigantesques structures gazeuses dans la Nébuleuse de l'Aigle, amas dense d'hydrogène et de poussières au sein desquels se forment des étoiles.
Au total, quatre missions spatiales avaient pour but des réparations sur le satellite: en 1993, 1997 1999 et 2002.
En définitive, Hubble, qui a coûté 14 milliards de dollars, a pris quelque 570'000 photos et contribué à affiner les connaissances sur l'âge de l'univers, aujourd'hui estimé à 13,7 milliards d'années.
Atlantis, une mission risquée
La mission Atlantis est considérée comme relativement risquée par la Nasa du fait du danger d'impacts de micro-météorite ou de débris à cette altitude. Une navette de secours, Endeavour est prête à être lancée pour une éventuelle mission de secours.
En cas de pépin, Atlantis serait en effet trop loin de la Station spatiale internationale (ISS) pour venir s'y amarrer.
Après cette mission, il ne restera que huit vols avant la mise en retraite des trois navettes de la Nasa en septembre 2010.