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Ces oiseaux qui ne supportent pas l'infidélité

Au contraire du moineau, le bruant des roseaux est un passereau jaloux.
Au contraire du moineau, le bruant des roseaux est un passereau jaloux.
Chez certaines espèces d'oiseaux chanteurs, les femelles sont fréquemment infidèles. Mais le partenaire cocufié n'est pas dupe et la note est salée: les mâles nourrissent moins bien les petits qui ne sont pas d'eux, démontre l'Université de Fribourg.

L'équipe de Stefan Suter a observé pendant plusieurs années des
bruants des roseaux - un passereau monogame - dans la réserve de la
Grande Cariçaie , sur le lac de
Neuchâtel.



Ils ont effectué des tests ADN sur 500 oisillons afin de vérifier
si le père était bien l'oiseau vivant en couple avec la mère. Et il
s'est avéré que 39% des rejetons étaient issus d'infidélités de
cette dernière.



Ce comportement bien documenté présente divers avantages possibles
pour les femelles, a expliqué à l'ATS M. Suter. Les gènes des
autres mâles peuvent par exemple mieux leur convenir que ceux de
leur partenaire ou être tout simplement meilleurs, relève le
chercheur.

Pas dupes

Les conséquences de ces infidélités sont moins bien connues.
Jusqu'ici, la question de savoir si les mâles trompés réagissaient,
et comment, n'avait fait l'objet que de rares études
contradictoires.



Dans leurs conclusions, publiées dans la revue Behavioral Ecology , les
biologistes fribourgeois écrivent que les bruants mâles se rendent
compte de la tromperie et la sanctionnent. Lorsque la couvée
comporte de nombreux rejetons qui ne sont pas d'eux, ils apportent
nettement moins de nourriture au nid.

Plus de travail pour la femelle

Pour les femelles, cette obstruction des mâles trompés signifie
un surcroît de travail. Dans les nids où les mâles participent à
l'approvisionnement, la mère apporte de la nourriture 1,6 fois par
heure à chaque petit.



Dans ceux où le mâle traîne les pieds, cette moyenne peut
atteindre 2,7 fois de l'heure. Parfois, cette compensation ne
suffit pas et la mortalité est plus élevée dans les couvées
négligées par le mâle. Les conséquences ne sont toutefois pas
catastrophiques, les femelles n'étaient pas complètement affaiblies
après la couvaison, note S.Suter.

Contre-stratégie

Pour le chercheur, le refus de nourriture des mâles trompés est
une adaptation. S'ils n'avaient pas développé cette contre
stratégie, les femelles bruant seraient probablement encore moins
fidèles, selon lui. Enfin, on ignore comment les bruants savent
qu'ils ont été trompés.



Pour Stefan Suter, il est possible qu'ils évaluent combien de
temps la femelle a échappé à leur surveillance durant sa période de
fécondité. Mais une chose est claire, les mâles ne reconnaissent
pas directement les intrus: ils apportent de la nourriture au nid
même si aucun des oisillons n'est d'eux.



ats/bri

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