«C'est un grand jour pour nous. Tous nos livres sont de retour
au bercail», s'est réjouie mercredi à Lausanne Jeannette Frey,
directrice de la BCU. La bibliothèque vaudoise est la cinquième
européenne et la première francophone à avoir signé un partenariat
de numérisation avec Google en 2005, a-t-elle rappelé (voir
ci-contre).
Le scannage, qui a débuté en automne 2007, s'est fait à coup de
5000 livres par mois, a expliqué Silvio Corsini, chef du projet à
la BCU. Il a concerné toutes sortes d'ouvrages en plusieurs
langues, allant des mathématiques à l'histoire, avec un fort accent
sur la littérature romande du 17e au 19e siècle.
Scannés à la main
Parmi les 100'000 ouvrages numérisés à la main, 75% sont
actuellement déjà consultables en texte intégral. La BCU dispose
d'une copie de toutes les pages scannées, a-t-il précisé. Pour
l'instant l'accès aux livres de la BCU se fait via le site Google
Livres. «Ce partenariat nous permet de mieux remplir notre mission
qui est de mettre nos fonds à disposition du public», a souligné
Jeannette Frey. «D'autant plus que les livres anciens sont fragiles
et plus difficiles à consulter».
Pour la BCU, le coût de l'opération s'est monté à quelque 300'000
francs, consacré à l'engagement de personnel supplémentaire et au
développement d'un logiciel informatique. La numérisation coûte
très cher. Elle n'aurait pu se faire sans un partenariat
public-privé, a constaté Silvio Corsini.
Importance du patrimoine
Philippe Colombet, responsable des Google livres pour l'espace
francophone, n'a pas voulu dévoiler les montants engagés par
l'entreprise, ni l'endroit d'Europe où s'est déroulée la
numérisation «pour des questions de sécurité». Il a mis l'accent
sur l'aspect philanthropique de ce travail. «Les ouvrages de la BCU
sont désormais accessibles à tous», a-t-il relevé.
Un moteur de recherche ne peut ignorer le patrimoine écrit, qui
représente 85% de l'information. Il n'a cependant pas caché que
Google s'intéresse fortement à la vente de livres numérisés. Selon
Silvio Corsini, le scannage d'une page coûte 50 centimes. Avec la
mise en ligne, les frais engagés par Google pour les livres de la
BCU pourraient approcher les 25 millions.
A suivre
Les deux partenaires restent ouverts à une future collaboration.
D'autres modèles peuvent être envisagés, tels le scannage de
cartes, revues ou journaux, a relevé Silvio Corsini, rappelant que
le minimum exigé par Google pour un contrat de numérisation s'élève
à 100'000 ouvrages.
ats/ap/cht
Première bibliothèque de langue française
La BCU a été la première bibliothèque de langue française à participer au projet "Recherche des Livres" de Google et la cinquième en Europe, après la Bodleian Library d'Oxford, l'Université Complutense de Madrid, la Bibliothèque de Catalogne et la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.
La bibliothèque de Lyon a depuis rejoint le programme.
Pour l'heure, Google a numérisé 12 millions de livres en 42 langues, dont deux millions sont des extraits d'ouvrages fournis par les éditeurs, a expliqué Philippe Colombet, responsable des Google livres pour l'espace francophone.
Certains sont toujours soumis à des droits d'auteur, ce qui a valu à la société californienne des soucis judiciaires aux Etats-Unis ou en France.
Vendredi dernier, le Tribunal de grande instance de Paris a d'ailleurs condamné Google pour contrefaçon de droits d'auteur.