Après avoir atteint un pic en 2011 avec 10% de mortalité des éléphants due au braconnage, ce chiffre est descendu à 4% en 2017, selon une étude publiée mardi dans la revue Nature communications.
Les scientifiques des universités de Fribourg et de York ainsi que de la Convention sur le commerce des espèces menacées, la CITES, basée à Genève, expliquent cette baisse notamment par une meilleure lutte contre la corruption et le commerce de l'ivoire.
"Les pays qui achètent l'ivoire sont sous la pression des autres membres de la CITES de prendre des actions pour éviter le braconnage et le commerce illégal dans les pays de destinations. Là, on voit un effet dans les pays d'origine des éléphants", affirme David Morgan, chef d'unité à la CITES.
Toujours menacés
Malgré la baisse du braconnage, l'éléphant d'Afrique est toujours menacé d'extinction. Et aujourd'hui, on estime que 10'000 à 15'000 éléphants sont encore tués chaque année illégalement et leur population diminue drastiquement.
"Nous assistons à un ralentissement du braconnage, ce qui est évidemment une bonne nouvelle. Mais il reste supérieur à ce que nous pensons être viable", déplore Colin Beale, coauteur de l'étude à l'Université de York.
On estime qu'ils étaient plus de 20 millions sur le continent africain avant la colonisation européenne. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 350'000.
Lié à la pauvreté
Selon les chercheurs, le taux de braconnage serait lié à la pauvreté local, à la corruption nationale et au prix de l'ivoire.
"Les taux de braconnage semblent répondre principalement aux prix de l'ivoire en Asie du Sud-Est et nous ne pouvons espérer réussir sans lutter contre la demande dans cette région", souligne Colin Beale.
La Chine, premier marché de destination des défense de contrebande, a annoncé une interdiction totale du commerce en 2017. Mais selon les chercheurs, il est impossible pour l'heure de dire si cette politique a eu une influence sur les chiffres, car le prix de l'ivoire avait commencé à baisser avant.
"Nous devons réduire la demande en Asie et améliorer les moyens de subsistance des personnes vivant avec des éléphants en Afrique. Ce sont les deux plus grandes cibles pour assurer la survie à long terme des éléphants", a ajouté Colin Beale.
Cohabitation difficile
Outre le braconnage qui continue, les défis sont encore nombreux pour la survie du pachyderme, en raison de la déforestation, de l'urbanisation, et de l'industrialisation du continent.
"Il ne faut pas oublier que la population humaine en Afrique est en augmentation importante. Dans les années à venir, c'est surtout un manque de place qui va peser lourd pour les éléphants", estime pour sa part David Morgan, de la CITES.
Cette difficile cohabitation entre les hommes et les éléphants, accusés de détruire les cultures, a justement poussé le Botswana à rétablir la chasse aux éléphants, interdite depuis 2014. Pour certains observateurs, il s'agirait surtout d'acheter les voix des paysans, cinq mois avant les élections.
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Delphine Gianora et Feriel Mestiri