La part totale de ces énergies renouvelables à la consommation globale en Suisse reste infime, écrit mercredi la Fondation suisse de l'énergie (SES). Celle-ci a comparé la production solaire et éolienne helvétique à celle des 28 pays de l'Union européenne.
Le Danemark, premier de classe, produit 2500 kWh d'énergie éolienne et solaire par an et par habitant. Ces sources couvrent près de la moitié des besoins énergétiques danois. La Suisse en produit dix fois moins pour une couverture de seulement 3,7%. L'Allemagne suit avec une production de 1905 kWh, puis la Suède avec 1691 kWh.
Seule la Hongrie, la Slovénie, la Slovaquie et la Lettonie se placent derrière la Suisse en matière d'énergie solaire et éolienne. Pour un pays qui se vante volontiers de sa politique énergétique progressiste, cela laisse songeur, note la responsable du projet Tonja Iten, citée dans le communiqué.
Peu de grandes installations solaires
Si le développement du solaire en Suisse est en croissance continue, "à un niveau très bas" (3,5% de la production totale), l'énergie éolienne, elle, stagne et ne représente que 0,2% de la production.
Il existe pour l'heure 36 grandes installations éoliennes en Suisse. L'an dernier, aucune n'a été construite. L'Autriche, pays voisin et également sans accès à la mer, en compte vingt fois plus.
Avec 60% d'énergie hydraulique, le mix énergétique suisse fait mieux que celui de l'UE. Mais la lenteur du développement des installations photovoltaïques et éoliennes contraste avec l'énorme potentiel de ces énergies en Suisse.
Pas assez d'encouragement
L'Office fédéral de l'énergie a récemment estimé que la Suisse pourrait produire 67 térawattheures (TWh) d'électricité solaire sur les toits ou façades. Cette quantité dépasse nettement la consommation d'énergie de 58 TWh par an en Suisse. De plus, le coût des installations photovoltaïques et éoliennes a fortement baissé ces dernières années.
Ce potentiel contraste avec la "politique de retenue" pratiquée par la Suisse dans le domaine de la photovoltaïque surtout. Le supplément sur les coûts de transport y a certes augmenté de 2,3 centimes par kWh l'an dernier, mais cet encouragement est limité dans le temps, les suppléments sont répartis de manière inefficace et bloqués par une "politique rigoureuse de listes d'attente".
Résultat: les exploitants d'installations photovoltaïques doivent patienter longtemps pour obtenir leur indemnité. Et les nouveaux projets n'ont aucune chance d'obtenir une rétribution de l'injection. Pour les grandes installations, le produit réalisé sur le marché de l'électricité est trop bas pour qu'elles puissent se refinancer.
Selon la SES, la plupart des Etats de l'UE mettent en place des outils d'encouragement et de soutien aux énergies renouvelables. "La Suisse ferait bien de suivre ces efforts" pour remplacer l'énergie nucléaire et fossile, conclut Tonja Iten.
ats/boi