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Les situations de guerre, un terreau fertile pour les bactéries résistantes?

L'actuelle épidémie d'Ebola qui touche le Congo a fait 1008 morts depuis août 2018. [KEYSTONE/EPA - Hugh Kinsella Cunningham]
Nouveaux conflits, nouvelles maladies: interview de Vinh-Kim Nguyen / Tout un monde / 7 min. / le 29 mai 2019
Les situations de guerre offrent un "cocktail parfait" pour le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques, qui se propagent ensuite sur la planète, prévient le médecin Vinh-Kim Nguyen dans l'émission Tout un monde.

La relation entre conflits et développement de maladie est relativement peu explorée dans le domaine de la recherche médicale. "On commence à en parler", relève l'anthropologue et professeur au Graduate Institute de Genève Vinh-Kim Nguyen. "Avec la situation en République démocratique du Congo (RDC), qui complique les efforts pour contrôler l'épidémie d'Ebola, le conflit est vu comme quelque chose qui nous empêche de faire ce qu'il faut faire", constate-t-il.

>> Lire : Au Congo, Ebola a déjà fait 1000 morts et tue deux malades sur trois

Le médecin évoque également le cas d'une bactérie identifiée d'abord sur les soldats américains de retour d'Irak et surnommée "iraqibacter". Celle-ci s'est maintenant répandue dans des hôpitaux du monde entier où elle pose des problèmes croissants car elle est résistante aux antibiotiques.

"Absorber les gènes de résistance aux antibiotiques"

"C'est une infection qui était jusqu'à une dizaine d'années inconnue", explique le professeur. Les scientifiques ne savent pas vraiment s'il s'agit d'une nouvelle bactérie ou pas. Ce qui est clair pour l'instant, c'est que "quelque chose s'est passé avec cette guerre au Moyen-Orient: elle a eu l'effet de mettre ensemble une bactérie, une concentration de population avec des blessures et un environnement dégradé. Ce mélange a été un cocktail parfait", relève encore Vinh-Kim Nguyen.

De plus, lorsque l'environnement est contaminé par des métaux lourds, les bactéries qui arrivent à survivre sont souvent résistantes aux antibiotiques. "Quand les puits de pétrole ont été bombardés pendant la première Guerre du Golfe et qu'ils ont brûlé pendant des mois, cela a toxifié l'environnement avec des métaux lourds". La bactérie s'est adaptée et est "devenue très efficace pour absorber des gènes de résistance aux antibiotiques".

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/lan

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