Les représentants de la Suisse, l'Allemagne, la France, l'Italie, la Slovénie et l'Autriche se sont montrés optimistes quant aux chances de réussite du projet, lundi lors d'une conférence de presse à Berne. Les sites préhistoriques sont pour l'instant peu représentés sur la liste du patrimoine mondial.
«L'inscription de La Chaux-de-Fonds et du Locle sur la liste de l'UNESCO l'an dernier a montré qu'un site ne doit pas forcément être beau pour être reconnu», a lancé le directeur de l'Office fédéral de la culture (OFC) Jean-Frédéric Jauslin. «Aujourd'hui, nous avons l'outrecuidance de penser qu'on pourra mettre des sites invisibles sur la liste».
Des sites subaquatiques
La plupart des 156 sites palaffitiques retenus, sur plus de 1000 recensés dans les lacs et les marais de l'Arc alpin, sont en effet subaquatiques et ne peuvent pas être vus depuis la surface.
Les Alpes sont souvent présentées comme une barrière naturelle entre le nord et le sud. Or, l'exemple des lacustres prouve au contraire les échanges entretenus par les différentes colonies, a remarqué Jean-Frédéric Jauslin.
La candidature, lancée sous l'égide de la Suisse, a nécessité un travail d'équipe de grande ampleur entre 30 institutions archéologiques des six pays participants et 130 personnes.
Des mesures de protection
La collaboration a permis d'établir un inventaire transnational des sites, pour la première fois dans l'histoire de la recherche. Celui-ci devrait désormais être actualisé tous les trois ans, selon Christian Harb, secrétaire général de l'association « Palafittes » des milieux archéologiques.
Un groupe de coordination internationale, dont le secrétariat sera situé en Suisse, va être constitué. Le dépôt de la candidature, qui compte quelque 1300 pages, au siège de l'UNESCO constitue une étape importante. Mais l'essentiel sera ensuite la mise en valeur les sites, «de rendre visible l'invisible», a souligné Claude Frey, président de «Palafittes» et ancien conseiller national (PLR/NE).
Le but est aussi d'assurer les mesures de protection pour éviter la disparition des sites, notamment par la réhumidification et par des zones interdites de plongée ou de bateaux. Un financement mixte sera nécessaire pour mener à bien les travaux.
ats/sbo
Quatre-vingts sites en Suisse
La notion de palafittes, habitats des bords de lac ou des zones humides, regroupe près de 30 groupes culturels différents du Néolithique, de l'âge du bronze et du début de l'âge du fer, qui étaient présents entre 5000 et 800 av. J.-C. dans les pays de l'arc alpin.
En Suisse, les premiers habitats lacustres datent d'environ 4300 av. J.-C. Certains sites se trouvent dans les eaux basses près des rives, comme dans le lac de Bienne, alors que d'autres ont été découverts dans l'arrière-pays où les eaux se sont retirées (lac de Zoug) ou même à l'intérieur de l'espace urbain actuel (lac de Zurich).
La candidature comprend 82 sites helvétiques répartis entre quinze cantons. Il s'agit de la dernière figurant encore sur la liste indicative du Conseil fédéral en vue de l'inscription sur la liste du patrimoine mondial.
Les autorités entendent marquer une pause avant de demander la reconnaissance de nouveaux lieux, la Suisse étant proportionnellement bien représentée avec dix sites retenus pour leur valeur exceptionnelle, selon Jean-Frédéric Jauslin.