Les jeux vidéos d'action ont des effets positifs sur "la vision, la rotation mentale, l'attention et la capacité à passer d'une tâche à l'autre", explique Daphné Bavelier, chercheuse à l'Université de Genève et invitée jeudi de La Matinale de la RTS.
Dans les recherches que la spécialiste des apprentissages et des fonctions cognitives supérieures et son équipe mènent en laboratoire, il est demandé à "de jeunes adultes de s'entraîner à des jeux d'action", afin de "mesurer leur vision avant et après le jeu". Et par vision, on entend "la résolution de la capacité à lire" rapidement et précisément du texte de plus en plus plus petit. "On ne remplace pas vos lunettes, on les complémente", précise Daphné Bavelier.
Décisions rapides, attention constante
Mais pourquoi Call of Duty ou Medal of Honor ont-ils ces facultés bénéfiques, et pas, par exemple, Tetris ou Candy Crush? "C'est l'un des grands mystères que nous sommes en train de résoudre depuis plus de 10 ans", répond Daphné Bavelier.
La scientifique peut toutefois identifier "plusieurs combinaisons de facteurs dans les jeux d'action qui semblent augmenter la plasticité cérébrale, soit la capacité du cerveau à apprendre": avoir à prendre des décisions "sous des contraintes temporelles", la capacité à "faire attention à tout l'écran, à tout moment", mais aussi "à refocaliser cette attention à un endroit ou un moment précis", par exemple au moment de tirer.
Selon les études menées par la chercheuse, "les gens qui jouent sont capables de rester attentifs à une tâche et d'ignorer les autres sources de distraction". Des applications sont déjà étudiées ou pourraient l'être, par exemple, dans le domaine de la chirurgie ou de la rééducation des patients.
Pas une "carte blanche à jouer non stop"
La spécialiste reconnaît un résultat "totalement contre-intuitif, car on a longtemps dit que les écrans n'étaient pas bons pour la vision". Mais elle nuance: "Les écrans, en général, c'est beaucoup plus que de jouer à certains jeux vidéos". Pour Daphné Bavelier, "le danger, c'est la surconsommation". "Nos recherches ne sont pas une carte blanche pour jouer non stop. On entraîne les participants entre 20 minutes et une heure par jour, entre trois et cinq fois par semaine, sur des périodes de deux à trois mois", prévient-elle.
Et puis, jouer à Call of Duty ne va pas améliorer la concentration, en classe par exemple. "Il faut faire la différence entre l'attention et la concentration", souligne Daphné Bavelier.
Propos recueillis par Agathe Birden
Adaptation web: Jessica Vial