De nombreuses conditions seront néanmoins imposées au service de streaming à la sauce française. Les chaînes de télévision seront limités en matière d'achat commun de droits TV et de partage des programmes. Salto risque par conséquent de ne pas peser bien lourd face à Netflix, qui vient de dépasser les 5 millions d'abonnés dans l'Hexagone. D'autant que d'autres poids lourds comme Amazon ou Disney débarquent eux aussi en Europe début 2020.
Même si l'union fait la force, cette alliance française n'aura pas les mêmes moyens financiers que les géants de la vidéo à la demande. "Netflix a dépensé entre 8 et 12 milliards de dollars en achats et productions originales l'année dernière. Salto a annoncé qu'il y aurait 60 millions d'euros pour des productions communes", relève Capucine Cousin, journaliste économique en France, dans l'émission Tout un monde.
Cette dernière, auteure d'un livre intitulé "Netflix & Cie: Les coulisses d'une (r)évolution", estime néanmoins que Salto aura "une carte à jouer sur le plan qualitatif", avec notamment les séries de France Télévisions et leur French Touch, qui auront "vocation à s'exporter".
Divertissement et information
L'attrait de séries comme "Plus belle la vie" ou "Dix pour cent" reste pourtant moindre face aux grandes productions américaines telles que "Game of Thrones".
C'est pour cette raison que Salto devra aussi aller chercher ses abonnés sur d'autres terrains, notamment avec les émissions de divertissement ou d'information de TF1, M6 et France Télévisions, qui seront disponibles sur la plateforme.
C'est l'évolution de la télé de papa vers de la télé à la demande
"Netflix représente un segment plutôt lié aux séries et aux films. Tous les programmes que fournissent ces trois chaînes françaises ne sont pas que des séries et des films. Il y a énormément de choses qui seront proposées sur Salto qui ne le sont pas du tout sur Netflix. C'est l'évolution de la télé de papa vers de la télé à la demande. Plutôt que de payer une télévision classique ou une box, on payera un abonnement à Salto par exemple, qui donnera accès à ces contenus", anticipe Eric Grignon, CEO d'HollyStar (futur Sky Suisse), la plateforme de streaming helvétique récemment rachetée par le géant allemand Sky.
Disponible en Suisse?
Les tarifs annoncés par Salto sont de quelques euros par mois. "Le prix va être amené à évoluer. Il est même possible qu'une offre gratuite, uniquement sponsorisée par la publicité, soit lancée. C'est quelque chose qui est faisable quand on atteint des très très gros volumes. Je pense que c'est l'idée de Salto", indique Eric Grignon.
Pour l'instant, aucune possibilité de savoir si Salto sera disponible en Suisse. Cela sera une question de droits. Et pour que cette question soit réglée, il faudra attendre plusieurs mois après le lancement de la plateforme en France, ce qui laissera sans doute le temps à d'autres concurrents d'apparaître sur le marché.
Davy Bailly-Basin/gma
Le Royaume-Uni se lance aussi
Le projet Salto fait écho à l'initiative britannique Britbox, plateforme portée par la BBC et ITV, qui sera lancé outre-Manche au quatrième trimestre 2019.
Ce service en streaming devrait proposer une grande collection de séries britanniques pour un abonnement de 5,99 livres (7,4 francs) par mois. Comme dans le cas français, l'objectif est également de concurrencer l'emprise du géant américain Netflix.