Et si le CO2, ce dangereux déchet dont l’humanité n’arrive pas à réduire les émissions et qui est la cause première des bouleversements climatiques avec ses 35 à 40 milliards de tonnes rejetées chaque année dans l’atmosphère, devenait une ressource, une matière première?
Ce changement de paradigme, c'est celui que prône et décortique le professeur d’écologie industrielle Suren Erkman (>> écouter le premier épisode). Un changement d’approche qui n’est pas sans poser de nombreux défis, notamment celui de réussir à capturer, stocker et valoriser cet invisible, volatile et très dilué ennemi.
Pompes à C02, super-éponges et aliments protéinés
Mais les potentiels techniques et économiques de ce marché sont si importants que nombreux sont, partout dans le monde, les chercheurs et entreprises à s’y intéresser. Exemples avec la société zurichoise Climeworks et ses pompes à CO2 installées à travers l’Europe (>> écouter le deuxième épisode).
Exemple encore avec la super-éponge de laboratoire mise au point au sein de l’EPFL-Valais (>> écouter le troisième épisode). Mi-métallique, mi-organique, elle affiche pour un seul petit gramme une surface interne poreuse équivalent à 7000 m2! Exemple enfin avec les Finlandais de Solar Food’s qui, avec de l’eau, des bactéries, de l’électricité et évidemment du CO2, concoctent une poudre alimentaire protéinée et écologique dont la commercialisation est annoncée d’ici 2021 (>> écouter le quatrième épisode).
Les sols manquent de CO2
Hors les laboratoires de recherche et développement et les technologies du futur, c’est également du côté des sols agricoles que réside une des réponses pour mieux capter nos surplus de CO2 (>> écouter le cinquième épisode).
Surexploités, épuisés, en Suisse et ailleurs, "ceux-ci manquent de matière organique et de CO2", rappelle Pascal Boivin, agronome et professeur à l’HEPIA de Genève. Président de l'European Confederation for Soil Science Societies, il ajoute que, "pour que cela fonctionne, pour transformer les paysans en dépollueurs d’atmosphère, ce sont tout à la fois la politique, l’économie et les pratiques agricoles qui doivent être repensées".
Didier Pradervand