La prochaine fois que vous tomberez sur un rat chez vous, dites-vous qu'il veut peut-être simplement jouer à cache-cache.
Lors de l'expérience de l'université Humboldt de Berlin, les rats semblaient sincèrement heureux de découvrir leurs compagnons humains ou d'être attrapés par eux, à en juger par les petits bonds de joie et les cris ultrasoniques qu'ils poussaient, inaudibles pour l'oreille humaine et dont des travaux antérieurs ont montré qu'ils étaient associés au bien-être.
Crédits vidéo: Science
Outre les cris et sauts de joie, les rats sursautaient et allaient se recacher ailleurs lorsqu'ils étaient trouvés, comme s'ils voulaient prolonger la séance de jeu et retarder la récompense.
Un nouvel éclairage sur le jeu
L'étude, publiée jeudi dans la revue Science, n'est pas qu'une histoire mignonne (ou angoissante, selon les points de vue), car elle donne un nouvel éclairage sur le jeu, un trait évolutif important chez les mammifères.
"Quand vous travaillez beaucoup avec les rats au fil des ans, vous vous rendez compte à quel point ces animaux sont intelligents et sociaux", dit le coauteur Konstantin Hartmann. "Mais ce fut une surprise de voir à quel point ils se débrouillaient bien", ajoute-t-il.
Importance du jeu dans le développement
Le jeu a un rôle important dans le développement cognitif des mammifères adolescents. Les rats constituent un modèle idéal pour étudier l'activité cérébrale chez l'homme en raison de leur proximité évolutive, ce qui explique également leur utilisation fréquente en médecine.
Les scientifiques voudraient savoir quelles parties du cortex préfrontal, lié aux comportements sociaux, sont impliquées - mais comme le jeu est une activité fluide, il est difficile à étudier.
L'équipe a donc attaché à la tête des rats des microfils enregistrant leur activité cérébrale, leur permettant d'identifier les neurones associés à des événements de jeu spécifiques. Ce qui pourrait un jour servir à de futures études: par exemple, pour examiner le développement neuronal lorsque les activités de jeu sont restreintes pendant l'adolescence.
afp/vkiss
Méthodologie
Les recrues étaient des rats mâles adolescents, et le terrain de jeu une pièce de 30 mètres carrés. Un chercheur s'accroupissait pour se cacher derrière un carton, ou bien donnait au rat une longueur d'avance pour qu'il se cache, l'humain le cherchant.
Pendant une à deux semaines, les rats ont appris que commencer le jeu à l'intérieur d'une boîte fermée, puis ouverte à distance, signifiait qu'ils devaient chercher, tandis que commencer le jeu avec la boîte ouverte signifiait qu'ils devaient se cacher.
Ils ont rapidement mis au point des stratégies relativement sophistiquées, comme de revisiter des lieux où les humains s'étaient cachés auparavant, ou bien de se mettre à l'abri dans des boîtes opaques plutôt que transparentes lorsqu'ils se cachaient.
Pour les entraîner, les auteurs ont récompensé les rats non pas avec de la nourriture ou de l'eau, ce qui aurait invalidé l'expérience, mais avec une interaction sociale positive, sous la forme d'un contact physique.