Pour sauver l'humanité, il faut sauver les océans, selon les experts du climat
Dans le monde entier, les changements climatiques entraîneront d’importantes modifications des glaciers, du pergélisol et des océans, ont indiqué mercredi à Berne devant la presse des responsables de l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), en parallèle à la publication du rapport à Monaco.
"Par exemple, en Suisse, si on ne réduit pas de moitié les émissions de CO2 dans les 10 prochaines années, on ne pourra plus skier à la fin du siècle", s'alarme mercredi dans Forum Samuel Morin, l'un des auteurs du rapport du GIEC, spécialiste de la couverture neigeuse et chercheur au Centre national français de recherche météorologique.
De 2015 à 2100, les glaciers perdront de 18% à 36% de leur masse dans le monde, et même plus de 80% en Europe, selon ce document. Si les gaz à effet de serre continuent d’être émis en abondance, entre 49% et 89% du pergélisol peu profond pourrait dégeler d’ici 2100 au détriment de la stabilité du terrain.
D'ici la fin du siècle, des dizaines ou même des centaines de gigatonnes de cet élément s’échapperont ainsi dans l’atmosphère sous le forme de dioxyde de carbone ou de méthane et intensifieront le réchauffement climatique.
Chaleurs marines
Parlant des océans, le GIEC fait état de nouvelles conditions qui n’ont encore jamais existé depuis l’ère préindustrielle. Ils s’acidifient, contiennent toujours moins d’oxygène. Si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à un haut niveau, les vagues de chaleur marines deviendront 50 fois plus fréquentes jusqu’en 2100.
"Nous constatons maintenant déjà des changements notables dans les océans, de la surface des eaux jusqu’aux grandes profondeurs, et des pôles aux tropiques. Cette évolution influencera la répartition et la densité de la vie partout dans nos mers", signale Thomas Fröhlicher, un auteur du GIEC de l’Université de Berne.
Au cours de ce siècle, l’élévation du niveau de la mer accroîtra sensiblement des risques tels que les raz-de-marée ou l’érosion du littoral. Rien que les dommages dus aux inondations augmenteront chaque année d’un facteur 100 à 1000.
Possibilités d'actions
"Pour beaucoup de gens, la haute mer, l’Arctique ou l’Antarctique semblent très loin. Or toute la population du globe, Suisse comprise, dépend de ces systèmes , pour la météo et le climat, pour l’eau et l’alimentation, pour l’énergie, le commerce, les transports, les loisirs et le tourisme, la santé et le bien-être, la culture et l’identité", conclut Thomas Fröhlicher.
Les auteurs du rapport du GIEC formulent de nombreuses possibilités d’action politiques, sociales et techniques et soulignent une nouvelle fois l’urgence de la situation.
ats/pym