La forte médiatisation des feux de forêt en Amazonie profite au petit moteur de recherche allemand ecosia, qui évolue dans l'ombre de Google. Ce moteur de recherche solidaire, créé en 2009, reverse 80% de ses revenus dans la plantation d'arbres. Il collabore avec une vingtaine d'organisations dans le monde entier dans l'espoir de planter un milliard d'arbres d'ici 2020. La société berlinoise s'est engagée à planter 2 millions d'arbres supplémentaires au Brésil en réponse aux feux. La société estime pouvoir planter un arbre pour 45 recherches effectuées.
C'est un moyen pour les internautes sensibles à la situation amazonienne de participer à une opération caritative sans dépenser d'argent ni de temps.
Mais pour Ariel Kyrou, rédacteur en chef de la base de connaissance solidarum.org, et auteur de "Google God", cette action de générosité a ses limites. "L'entreprise vise à ce que son énergie vienne également de sources renouvelables. En 2017, ils ont fait en sorte que leurs serveurs soient alimentés par des énergies renouvelables. Maintenant, le moteur de recherche ecosia fonctionne en utilisant les serveurs du moteur de recherche Bing (Microsoft) et il utilise pour sa publicité la régie de Yahoo. Or, ces deux entreprises ne sont pas particulièrement responsables, pas plus que la moyenne, dans leur logique d'approvisionnement énergétique."
Une prise de conscience
Autre problème, c'est la portée toute relative de ce moteur de recherche. "Ecosia est un nain par rapport à Google et même par rapport à Bing, en tant qu'usage de moteur de recherche. Il y a aujourd'hui quelques moteurs de recherche considérés comme plus éthiques, qwant, duckduckgo ou ecosia, mais c'est moins de 0,5% d'usage en France.
Ecosia participe donc à une prise de conscience. Mais pour Ariel Kyrou, c'est le système qui doit changer. Un système et une connexion permanente qui génèrent une énergie folle.
Pauline Rappaz
Le moteur de recherche français Qwant dans la tourmente cet été
Changement à la tête de Qwant, le moteur de recherche français qui se profile sur la protection des données de ses utilisateurs. L'ancien patron de Mozilla Europe (Firefox), Tristan Nitot, est nommé directeur général le 19 septembre dernier. Cette nomination fait suite à la polémique de l'été dans le monde du web francophone.
Tout commence en juillet. L'entreprise aurait fait 11,2 millions de pertes en 2018, selon le Figaro. Puis c'est le site Next INpact qui publie une enquête mettant en lumière l'ancienneté des résultats. "Qwant limite à 50 le nombre de résultats affichés par mots-clefs. Il les répétait jusqu'à 12 fois, laissant penser qu’il aurait indexé bien plus de pages qu’en réalité. Suite à notre enquête, Qwant a mis fin à ces étranges duplications", peut-on lire sur leur site. Le Canard enchaîné parle de chiffres gonflés et Médiapart affirme que le président de Qwant Eric Leandri a été condamné en 2010 par la justice belge à 18 mois de prison pour recel d'effets de commerce volés.
Suite à cette série d'articles, la réputation de l'entreprise en a pris un coup. Le directeur des affaires juridiques et de l'éthique de Qwant dénonce des traitements journalistiques biaisés, comme vous pouvez le lire dans le thread ci-dessous.
J'ai bcp hésité avant de faire ce long thread, mais je ne peux rester silencieux après l'article de @manhack dans @nextinpact, qui dépeint un "climat de peur" chez Qwant et un @eric_leandri qu'il faudrait faire sauter pour que tout aille mieux. Alors je me lance. pic.twitter.com/PXd4cOGOxu
— Guillaume Champeau (@gchampeau) September 21, 2019
Qwant peut tout de même compter sur l'Etat français. Le 17 mai, le secrétaire d'Etat à l'économie numérique a invité l'administration à utiliser Qwant comme moteur de recherche par défaut.
PW