En Suisse, un bébé sur trois naît dans un bloc opératoire, le nombre de césariennes a triplé en 25 ans. Il s'agit toutefois d'une tendance mondiale: le Brésil et l'Italie enregistrent par exemple des taux de césariennes jusqu'à 70%.
Le docteur David Baud, chef du service obstétrique du CHUV à Lausanne, reconnaît que certaines césariennes pourraient être évitées: "La césarienne est devenue le parachute de secours, lors d'un accouchement par voie basse, si on a de la peine à évaluer comment le bébé va, on aura tendance à dire assez facilement, faisons une césarienne pour ne pas prendre de risques médicaux".
Les grossesses à risque sont également plus nombreuses en raison de l'âge avancé du premier enfant et de la hausse des grossesses gémellaires, notamment liée au recours à la procréation médicalement assistée (PMA) qui favorise les grossesses multiples.
Certaines césariennes sont également pratiquées à la demande des futures mères qui ne souhaitent pas un accouchement par voie basse pour plusieurs raisons, explique David Baud: "Elles pensent que leur sexualité va être altérée, ou que la césarienne est plus simple, elles peuvent programmer la date et organiser les choses, certaines ont également des peurs ou des traumatismes liés à l'accouchement" .
Même si le nombre de césariennes dites "de confort" reste faible au CHUV, la tendance est réelle.
Parallèlement, de plus en plus de femmes veulent un accouchement plus naturel, hors des hôpitaux et loin des médecins. Les maisons de naissance connaissent un fort engouement.
Dans ces structures, il n'y a ni médecin, ni anesthésiste, uniquement une sage-femme. La future mère est libre de ses mouvements et de ses positions, l'intimité y est garantie pour favoriser le processus physiologique.
Sarah Duflon a fondé l'association "Nait-sens" à Lausanne pour mieux informer les femmes sur l'accouchement naturel. Pour elle, l'hôpital ne favorise pas toujours le processus physiologique: "Lors de l'accouchement, la femme sécrète des endorphines et de l'ocytocine pour permettre de supporter les contractions et d'ouvrir le col, mais pour ça, il faut se sentir en sécurité et dans l'intimité. L'adrénaline liée au stress en hôpital peut perturber ce processus".
D'où le recours parfois aux césariennes d'urgence. Alors mieux informer les femmes, déconstruire les idées reçues, combattre l'injonction "tu enfanteras dans la douleur" et redonner confiance aux femmes sont des pistes à explorer, selon l'association "Nait-sens".
Katia Bitsch