L'assaillant de Halle a utilisé le réseau social Twitch, connu surtout des adeptes de jeux vidéos, pour transmettre son forfait. Cinq personnes l'ont vu en direct, plusieurs milliers ensuite, avant que le site de streaming ne supprime la video.
L'attaque contre la synagogue de Halle en Allemagne mercredi a fait deux morts, et le tireur présumé est un Allemand de 27 ans, qui aurait perpétré un acte qualifié d'antisémite.
"Faire vivre des choses en direct"
"L'essence même de cette plateforme est de faire vivre des choses en direct, donc il était dans la cible. Mais il est vrai que Facebook a annoncé qu'il allait mettre plus de forces dans la détection de ce genre de contenus - des gens qui commettent des attentats - en direct. Choisir Twitch était donc peut-être une mesure de précaution. Mais c'était peut-être simplement le réseau qui lui ressemble en ce moment", analyse Magali Philip, responsable des réseaux sociaux à RTSinfo.
En mars dernier, l'attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande avait lui aussi été diffusé en direct, mais sur Facebook Live, avant d'être largement partagé... et que la plateforme ne le supprime.
Comment "éduquer la machine"?
Le défi est maintenant de mettre tout en oeuvre pour empêcher la diffusion, live ou différée de contenus violents ou haineux. "La balle est vraiment dans le camp des plateformes, que cela soit Facebook, Twitter, Youtube, Twitch... De mettre le maximum de forces, de personnes pour empêcher que ces contenus soient visibles. Maintenant, empêcher totalement, je ne vois pas comment cela va être possible", souligne Magali Philip.
Empêcher la diffusion en direct d'un acte criminel - qu'il faut savoir identifier - me paraît un combat (...) pour lequel il faudrait mettre des millions et des millions de dollars.
"L'essence même des réseaux sociaux, c'est la propagation, c'est le relais... c'est leur ADN à toutes ces plateformes! Donc de se dire qu'on l'empêche quand il y a un acte criminel - qu'il faut savoir identifier - ça me paraît un combat, non pas vain (...), mais pour lequel il faudrait mettre des millions et des millions de dollars", ajoute-t-elle.
Des plateformes comme Facebook planchent sur des moyens de détection automatiques basés sur l'intelligence artificielle. Avec cette question à résoudre: comment éduquer une machine à faire la différence entre une vraie attaque et une scène fictive?
Pierre-Etienne Joye/jvia