"Je suis un homme heureux. Ce bâtiment est encore plus beau que
je l'avais imaginé", s'est exclamé Patrick Aebischer, président de
l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), lors de la
visite de presse.
L'architecture novatrice du Learning Center doit refléter
l'ambition de la Haute Ecole et sa "façon de concevoir la science,
ouverte sur la société". Les deux architectes, Kazuyo Sejima et
Ryue Nishizawa, ont exprimé cette ouverture par un espace grand
ouvert, des parois entièrement vitrées et quatorze "patios" de
formes et dimensions différentes.
Les collines formées par ces ondulations créent des espaces
distincts sans qu'il soit nécessaire de les délimiter par des
parois, explique Kazuyo Sejima, la conceptrice japonaise.
Des techniques inédites
Le résultat final
est un ouvrage de formes simples, épurées, mais "qui cache un
millefeuille de complexités", souligne Francis-Luc Perret,
vice-président de l'EPFL chargé de la planification et de la
logistique. "La statique était un vrai défi".
Les ingénieurs civils ont dû développer des techniques inédites
pour réaliser cette immense vague de béton à première vue
"inconstructible".
La toiture, composée de bois et d'acier, est soutenue par des
petits piliers blancs. Ces colonnes se fondent dans l'ensemble,
plafonds et mobiliers étant également immaculés et le sol couvert
de moquette gris clair. Seules taches de couleur: des poufs ronds
disposés en grappe invitent au repos.
Respect des normes Minergie
Je suis un homme
heureux. Ce bâtiment est encore plus beau que je l'avais imaginé!
Patrick Aebischer, président de
l'EPFL
Des "sentiers" serpentent sur des
pentes pas si douces. Ils permettant réduire la déclivité du
cheminement aux 6% prescrits par les normes architecturales
suisses. Trois "ascenseurs inclinés" permettent de se jouer de ces
difficultés.
"Nous avons discuté durant huit mois avec les principales
associations de personnes handicapées pour adapter le bâtiment à
leurs besoins", précise Francis-Luc Perret.
L'éclairage artificiel est presque toujours indirect, les
nombreuses ouvertures favorisent la lumière du jour. L'aération est
naturelle. Le bâtiment répond strictement aux normes Minergie
d'efficacité énergétique, relève encore Francis-Luc Perret. Tout a
été optimisé par modélisation numérique.
Le site est immense, l'équivalent de quatre stades de football.
Pourtant le visiteur ne se sent pas perdu et s'oriente facilement.
Les nombreuses ouvertures offrent des perspectives intéressantes
sur le bâtiment, mais aussi sur le campus, le Léman et les
Alpes.
Un budget de 110 millions de francs
Un budget de 110 millions de francsLe
projet est également novateur dans son financement, a souligné
Patrick Aebischer. Le président de l'EPFL a remercié les sponsors,
sept grandes entreprises suisses qui ont financé le projet à
hauteur de 50 millions de francs. Les 60 millions restants sont
payés par la Confédération.
Dès lundi, les 7000 étudiants et 4000 chercheurs s'approprieront
ce nouvel espace. Mais le Learning Center sera aussi ouvert au
public. Tout le monde pourra utiliser la bibliothèque, consulter
des documents multimédia, boire un café ou simplement s'y promener.
Il sera accessible tous les jours de 7h à minuit.
Ce bâtiment hors normes deviendra à n'en pas douter un passage
obligé pour les utilisateurs du site et un lieu de pèlerinage pour
les amateurs d'architecture du monde entier. L'inauguration
officielle est prévue fin mai.
ats/sbo
Le Learning Center en chiffres
Le Rolex Learning Center impressionne par ses dimensions. Les chiffres donnent aussi une idée des défis techniques relevés par les constructeurs.
- le site couvre 88'000 m2. Le bâtiment occupe 20'200 m2 pour une surface de sol de 37'000 m2, sur un étage et un sous-sol
- les deux coques qui composent le sol du bâtiment comportent 11 arcs sous-tendus de 30 à 90 mètres de long, fixés par 70 câbles souterrains. 1400 moules différents ont été nécessaires pour suivre la géométrie des coques
- le coulage du béton s'est fait en deux étapes: au printemps 2009, la petite coque de 800 m3 puis, en juillet, la grande de 4300 m3. Cette étape a nécessité un ballet incessant de bétonneuses et d'ouvriers pendant 48 heures non-stop
- les façades de verre représentent 4800 m2. Les double vitrages ont plus de 4 cm d'épaisseur. Il y a 14 formes de vitres différentes
- l'isolation au toit affiche une épaisseur de 20 cm, celle du sol fait 35 cm
- la bibliothèque multimédia offre 500'000 volumes, surtout scientifiques, dont 50'000 en libre accès. A cela s'ajoutent 10'000 revues scientifiques en ligne et 17'000 livres numérisés, ainsi qu'un système de prêt et de recherches bibliographiques de pointe
- Côté restauration, les usagers ont le choix entre un cyber café de 53 places, un self-service de 128 places et un restaurant de 80 places, sans compter les terrasses extérieures
- 860 places de travail sont à disposition des étudiants. Les usagers peuvent encore profiter d'une librairie dotée d'une banquette de lecture originale, d'une agence bancaire futuriste et de divers services de conseil