Chaque année, les Suisses consomment pas moins de 45 kg de pommes de terre par personne. Toutefois, la pression monte contre le chlorprophame, l'inhibiteur de germes le plus utilisé dans la culture de ces légumes. Plus de 2 tonnes ont été vendus et pulvérisés dans les entrepôts de tubercules en Suisse en 2018. Et selon des études récentes, ce pesticide s'est révélé être très dangereux.
"Il est bien plus toxique que ce que l'on croyait", explique à la RTS Hermann Kruse, toxicologue à l'Université de Kiel en Allemagne. "Il modifie non seulement le système de formation sanguin, mais aussi notre système hormonal. Il modifie la thyroïde et endommage la formation d'embryon. On a même observé l'apparition de cancers lors d'expérimentations animales."
Manque d'alternatives
L'industrie suisse de la pomme de terre est encore très dépendante du chlorprophame, et son utilisation n'est pas limitée. "Dans la pratique, c'est compliqué, il manque une alternative, en particulier pour la pomme de terre avec laquelle on prépare les frites", précise Christine Heller, directrice de Swisspatat.
Alors que l'Europe a décidé d'interdire l'utilisation de ce produit d'ici octobre 2020, la Suisse continue de son côté à l'autoriser. "Nous n'avons pas d'accord avec l'Union européenne dans ce domaine, commente l'Office fédéral de l'agriculture dans un communiqué. Les décisions prises par l'UE ne sont donc pas directement utilisables en Suisse. Nous devons appliquer des procédés en parallèle."
Réévaluation l'année prochaine
Pour Marcel Liner, chef de la politique agricole de Pro Natura, la Suisse ne doit pas tergiverser, mais interdire tout de suite ce pesticide: "On sait depuis de nombreuses années que ce produit comporte des risques. Je suis choqué qu'on puisse encore le trouver dans les magasins."
Berne annonce toutefois que le chlorprophame devrait être réévalué au courant de l'année prochaine et que des règles plus strictes seront appliquées pour l'achat de ce produit.
Sujet TV: Anne-Lise von Bergen
Adaptation web: Antoine Schaub