Le compteur tourne avant le décollage de CHEOPS. Dans moins de deux semaines, le petit satellite sera mis en orbite à 700 kilomètres d'altitude. Sélectionné en 2012 par l'Agence spatiale européenne (ESA) pour inaugurer une série de projets dotés d'un budget "modeste", il s'agit du premier engin spatial dont la conception été pilotée par la Suisse, même s'il a été construit avec l'aide de dix autres pays. Son coût? Environ 100 millions de francs.
CHEOPS, pour "CHaracterizing ExOplanet Satellite", aura une mission bien précise une fois dans l'espace: mieux comprendre la composition des planètes lointaines situées autour d'étoiles dans la banlieue du Soleil. "On compte plusieurs milliers de ces exoplanètes comme on les appelle, mais il y en a très peu dont on connaît la composition et la structure. L'idée, c’est d’aller mesurer très précisément la taille de ces mondes pour savoir de quoi ils sont faits, si on retrouve plutôt de la roche, de la glace ou du gaz", explique l'astrophysicien David Ehrenreich, responsable scientifique du projet à l'Université de Genève.
D'infimes variations de lumière
Pour mesurer le taille d'une planète, les chercheurs de la mission CHEOPS vont utiliser la méthode indirecte dite du transit. Le principe est simple: quand une planète passe devant une étoile, elle provoque une mini-éclipse. C'est cette infime baisse de luminosité que devra mesurer le téléscope de CHEOPS car elle est proportionnelle à la taille de la planète.
"Il faut être capable de mesurer des variations de la luminosité de l’étoile de l'ordre de seulement 0.0001%. C'est impossible de le faire depuis des télescopes au sol parce que l’atmosphère de la Terre est gênante", précise David Ehrenreich. En couplant la taille avec la masse de l'astre - une donnée que les téléscopes au sol sont capables de fournir -, il est alors possible de calculer sa densité.
Une mission de trois ans au moins
Une fois en orbite, CHEOPS enverra deux fois par jour les enregistrements provenant d'étoiles situées à plusieurs années-lumière, grâce à un relais d'antenne en Espagne. Les données seront alors envoyées aux scientifiques de l'Observatoire de Genève.
La mission du satellite devrait durer trois ans et demi, voire jusqu'à cinq ans si les instruments électroniques exposés au rayonnement cosmique encaissent le choc sans la protection de l'atmosphère. Pas question pour CHEOPS d'encombrer l'espace à la fin de son travail: les chercheurs activeront le petit moteur dont le satellite est doté pour le désorbiter. En retombant, il se désintégrera totalement dans l'atmosphère.
Sujet TV: Aurélie Coulon
Texte: Kevin Gertsch
Une exoplanète, c'est quoi?
Les exoplanètes sont des planètes orbitant autour d'autres étoiles que le Soleil. Si on estimait leur existence probable depuis des siècles, il a fallu attendre octobre 1995 pour que Michel Mayor et Didier Queloz, chercheurs de l'Université de Genève, annoncent la découverte de la première planète située hors de notre système solaire. C'est pour cette découverte que les deux Suisses ont reçu le prix Nobel de physique cet automne.
Baptisée 51 Pegasi b, cette exoplanète tourne autour d'Helvetions, une étoile jumelle du Soleil par sa taille et située à environ 51 années-lumière de la Terre. A l'heure actuelle, l'Encyclopédie des planètes recense 4141 planètes qui gravitent dans plus de 3000 systèmes planétaires différents.