Le prix Nobel Didier Queloz, de l'Université de Genève, sera aux premières loges pour observer la réussite - ou l'échec - de ce projet imaginé il y a plus d'une décennie.
"Notre système solaire est-il un cas particulier ou un modèle standard? Quels ingrédients faut-il pour qu'un système solaire comme le nôtre voie le jour? Et finalement, quelles sont les conditions nécessaires pour l'apparition de la vie?" Didier Queloz avait indiqué lors d'un entretien avec les médias dans l'avion l'emportant de Paris vers la Guyane qu'il espérait que CHEOPS puisse répondre à ces questions.
Récemment honorés par le Nobel de physique pour avoir découvert la première exoplanète en 1995, les scientifiques suisses Didier Queloz et Michel Mayor vont suivre de près le lancement de CHEOPS, une abréviation de CHaracterising ExOPlanet Satellite.
Observer les exoplanètes existantes
L'objectif du télescope n'est pas d'aller débusquer de nouvelles planètes, mais d'analyser celles déjà identifiées. Embarqué dans un satellite, le télescope orbitera à 700 kilomètres au-dessus de la Terre pour ne pas subir les perturbations de l'atmosphère, et accédera à tout le ciel, Soleil dans le dos.
Sa cible est Proxima du Centaure, 55 Cancri, Koro 1... au moins 400 systèmes planétaires, distants de quelques centaines d'années-lumière - la "banlieue proche" du Soleil à l'échelle de la Voie lactée.
La Suisse a la tête d'une mission pour la première fois
C'est la première fois que la Suisse, qui compte parmi les pays fondateurs de l'Agence spatiale européenne (ESA), prend la tête d'une mission de l'organisation. Le hasard a bien fait les choses, avec un lancement intervenant quelques jours seulement après la remise du prix Nobel aux deux Suisses.
Sur place, en plus de Didier Queloz, il y a également le chef du projet CHEOPS, Willy Benz, de l'Université de Berne. Il retiendra lui aussi son souffle lors du décollage d'une fusée de type Soyouz, avec le télescope à son bord. Ce dernier sera mis en orbite à une altitude d'environ 700 kilomètres autour de la Terre.
Cela fait onze ans que Didier Queloz est allé voir Willy Benz pour lui faire part de son idée de mission. C'est de là qu'est née l'intention de postuler pour une mission de type "S-class", des projets de taille plus petite disposant d'un budget de l'ESA inférieur à 50 millions d'euros. "C'était peut-être dans les gènes suisses de vouloir construire quelque chose de petit, afin de réaliser des mesures très précises".
Premières données attendues cet été
Le tout pourrait être réduit à néant en quelques minutes. "Nous avons tout fait et testé tout ce qui était possible", déclarait récemment un Willy Benz prudent. La nervosité se mêle donc à la joie de l'attente.
Le projet CHEOPS prévoit de scruter 400 à 500 planètes ces prochaines années. Une fois lancé, le télescope devra toutefois d'abord se soumettre durant environ trois mois à une batterie de tests. Willy Benz ne recommencera donc à dormir tranquillement que lorsque les premières photos montreront que le télescope répond aux attentes placées en lui.
Si tout se passe comme prévu dans le ciel au-dessus de Kourou et en orbite, les premières données devraient être disponibles l'été prochain.
ther/gma avec l'ats