A côté des tourniquets et des flots de passagers affairés de la station de métro Sangdo, au sud de la capitale sud-coréenne, a été construite une ferme à l'ambiance de station spatiale: lumière rose, bruit de ventilation, blouse blanche obligatoire.
Les vastes espaces inutilisés des stations de métro ont été gratuitement prêtés à Farm 8, une entreprise de culture hors-sol, hydroponique.
Les salades poussent sur des plateaux empilés jusqu'au plafond. Pour entrer, il faut passer par un sas et une douche à air, afin d'empêcher tout type d'insecte ou de virus d'entrer, précise Kim Sung-un, représentant de Farm 8. "Nous pouvons ainsi cultiver nos légumes sans avoir recours à des pesticides ou à des organismes génétiquement modifiés."
Pas besoin de terre
Les plantes n'ont pas besoin de terre: "Nous leur donnons une eau qui contient treize types de sels minéraux et nutriments qui leur permettent de grandir. Comme les conditions sont bonnes, les plantes poussent mieux qu'en terre, et la récolte est plus abondante". Kim Sung-un ajoute que pour une salade cultivée à l'extérieur, la récolte a lieu après 60 jours. Alors qu'ici, entre 37 et 40 jours suffisent.
Afin que la pollution du métro ne se dépose pas sur les salades, l'entreprise utilise un filtre à air qui retient les particules fines: la qualité de l'air est proche de 0 ppm.
Les laitues sont tellement propres et vertes qu'on dirait presque du plastique. La ferme produit entre 50 et 70 kilos de récolte par jour qui est vendue aux restaurants du voisinage. Ces laitues coûtent environ 30% plus cher que leur équivalent cultivé en terre.
Une solution d'avenir?
Il y aura près de 10 milliards d'humains sur terre d'ici trente ans, alors que l'agriculture est menacée par le réchauffement climatique et l'érosion des sols: ces technologies de culture verticale, en intérieur, peuvent être une solution.
Ces fermes occupent très peu d'espace, ce qui permet d'éviter d'arracher des forêts pour obtenir des terres arables. Elles utilisent moins d'eau que les cultures traditionnelles et elles permettent de réduire les transports en produisant à proximité des consommateurs.
Cinq stations de métro à Séoul accueilleront ces systèmes hors-sol, explique le responsable du projet. Son entreprise de 300 employés vise aussi les immenses complexes d'appartements, omniprésents en Corée du Sud, et notamment leurs garages. Cette technologie pourrait même être utilisée dans l'espace.
Toutefois, même si ces salades sont bios, cela ne veut pas dire que leur empreinte carbone est légère: leur culture nécessite en effet énormément d'électricité. Une électricité qui, en Corée du Sud, est produite en grande partie par des centrales au charbon.
Reportage radio à Séoul: Frédéric Ojardias
Adaptation web: Stéphanie Jaquet