Greffer le foie d'un donneur décédé chez un patient malade est une véritable course contre la montre, l'organe ne pouvant être préservé que quelques heures hors du corps.
Fruit de quatre années de travail, un système inédit de perfusion contrôlé par des ordinateurs permet désormais d'étendre ce délai à sept jours. La machine réalise même la prouesse de régénérer des foies malades. "Nous pensons pouvoir sauver environ 30 patients supplémentaires par an", se réjouit Pierre-Alain Clavien, professeur de chirurgie à l'Université de Zurich, lundi dans le 19h30.
Actuellement, 207 personnes attendent une transplantation hépatique en Suisse, c'est presque trois fois plus que le nombre de foies de donneurs sains à disposition.
Une machine qui imite les fonctions du corps
Concrètement, la machine effectue artificiellement les diverses fonctions du corps humain: le foie du donneur est relié à une pompe, qui remplace le coeur, à un oxygénateur, qui remplace les poumons, et à un appareil de dialyse, qui remplace les reins. Enfin, des hormones assurent le travail du pancréas et de l'intestin.
Cette avancée majeure est aussi une nouvelle victoire de la recherche interdisciplinaire. "Nous avons réussi car tous, ingénieurs et médecins, avons étroitement collaboré. Chacun a amené son savoir-faire", explique de son côté Philipp Rudolf von Rohr, professeur d'ingénierie à l'EPFZ.
Le premier foie de donneur régénéré grâce à cette technique devrait être transplanté cette année. Si les patients réagissent positivement, cette machine pourrait bien révolutionner la chirurgie transplantatoire.
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Jean-Marc Heuberger/ani