"Il s'agit du premier usage du CO2 à des fins de développement durable", souligne l'Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires de l'Université de Lyon à l'origine de cette innovation.
Cette technologie qui vient de paraître dans la revue Nature Chemistry répond à deux gros enjeux environnementaux: réduire les émissions de CO2 dans l'atmosphère et recycler les métaux rares beaucoup utilisés dans l'électronique.
Le CO2 rejeté dans l'atmosphère par les moteurs à combustion est l'un des principaux facteurs du réchauffement climatique. Mais il peut aussi servir à récupérer les métaux rares ou précieux contenus dans les déchets électroniques.
Les chercheurs ont montré qu'à partir de dioxyde de carbone capturé et purifié – technique connue depuis longtemps – de nouvelles molécules qui permettent de séparer et récupérer les métaux peuvent être fabriquées.
Recycler grâce au CO2
Cette démarche s'inscrit dans le développement d'une économie circulaire, a expliqué Julien Leclaire, co-auteur de la recherche, dans La Matinale de mardi:
"Le service est de permettre à toute structure qui produit des déchets, du CO2, ou des déchets électroniques de pouvoir recycler ces métaux-là pour qu'ils servent ensuite d'ingrédients pour reconstruire à nouveau des dispositifs électroniques, des batteries de téléphones portables, des véhicules électriques, ou encore des aimants".
Avec leur méthode, les chercheurs lyonnais veulent inciter les entreprises productrices de déchets à devenir aussi productrices de métaux recyclés. Car les métaux rares extraits des mines posent de nombreux problèmes éthiques et écologiques.
Des partenaires à trouver
Pour développer leur procédé, les chercheurs travaillent avec les partenaires industriels, "notamment avec l'industrie cimentière qui est intéressée à tester notre technologie pour déterminer si elle peut permettre de décontaminer les sols en friche qui sont pollués par des métaux, pour savoir si on peut utiliser cette technologie pour retirer les métaux d'un sol contaminé et permettre ensuite d'avoir une terre qui va pouvoir être réutilisée, recyclée pour produire du ciment vert", a encore relevé Julien Leclaire.
Les chercheurs doivent maintenant trouver des fonds pour développer leur méthode à large échelle, et en montrer les bénéfices environnementaux et, peut-être, économiques.
Pauline Rappaz/lan