Ces géants des airs dont l'envergure peut atteindre 3,50 mètres parcourent d'immenses distances loin de toute terre. Ils repèrent visuellement à trente kilomètres les bateaux, sur lesquels ils fondent avant de les suivre pendant des heures.
Lâchés dans les mers australes
Quelque 170 oiseaux ont ainsi été équipés de petites balises pesant à peine 70 grammes et lâchés depuis les îles françaises de Crozet, Kerguelen et Amsterdam, dans les mers australes. Objectif: repérer les bateaux de pêche illégaux.
Car ces navires illégaux coupent leur système d’identification automatique, mais pas les balises qui permettent d’éviter les collisions. Or, ces dernières ne sont repérables qu'à proximité des embarcations. Les albatros envoient ces informations en temps réel aux chercheurs, qui les transmettent ensuite aux autorités pour vérification.
Variable selon la zone
Entre novembre 2018 et mai 2019, les albatros ont pu patrouiller sans relâche sur plus de 47 millions de kilomètres carrés, permettant la "première estimation" du genre, selon le chercheur. Un peu à la manière de drones, mais sans besoin de les recharger et "l'intelligence en plus".
Ils ont ainsi pu établir que 25,8% des bateaux ne sont pas déclarés dans les zones économiques exclusives et s'adonnent donc très certainement à la pêche illégale. Dans les eaux internationales, ce taux monte à 37%.
Le projet pourrait s'étendre
Le but de l'étude n'était toutefois pas directement d'arraisonner les bateaux illégaux, mais plutôt de mesurer le phénomène pour pouvoir mettre en place des mesures concrètes comme des patrouilles. Ce projet pourrait bien s'étendre, puisque l'Australie et l'Afrique du Sud s'y intéressent.
Les albatros s’ajoutent à la longue liste des animaux réquisitionnés pour les services de renseignement ou pour des opérations militaires. On songe aux oies du Capitole, aux pigeons voyageurs ou aux rats démineurs. Mais cette fois, les albatros sont entrés en scène pour lutter contre la surpêche.
Caroline Stevan
jfe avec agences