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Le Chikungunya est en Suisse

Grippe, neige, Swissmetal et chikungunya
En Réunion, on gaze les moustiques.
Le virus du Chikungunya fait des ravages dans l'île de la Réunion, un département d'outre-mer français où il a contaminé près d'une personne sur cinq. En Suisse romande, on en recense une dizaine de cas, tous des touristes rentrés de voyage après avoir contracté la maladie dans un des pays à risque.

Même si le virus peut être mortel dans quelques rares cas, il n'y a pas lieu de s'affoler: le risque d'attraper la maladie en Suisse est quasi nul.

«Oui, il y a des cas de Chikungunya, et ils sont vivants»
s'exclame le docteur Louis Loutan, chef de l'unité de médecine des
voyages à l'hôpital universitaire de Genève (HUG). «Avec ces
histoires de grippe aviaire, c'est la confusion la plus totale dans
l'esprit des gens. Il y a beaucoup de personnes qui appellent
l'hôpital pour nous poser des questions.»

D'abord, il faut savoir que le virus du Chikungunya ne s'attrape
qu'avec une piqûre de moustique, et pas n'importe lequel, puisqu'il
faut que ce soit un Aedes albopictus. Ce petit moustique urbain aux
pattes zébrées n'est pas très courant en Suisse. «Certains
spécimens ont été signalés au Tessin et dans le pourtour
méditerranéen, selon Louis Loutan, mais en hiver, il n'y a pas de
moustiques. Et puis, de là à provoquer une épidémie, c'est fort peu
probable.»

"Moins grave qu'une grippe"

Car le Chikungunya est une spécialité des pays chauds: le virus
se retrouve en Réunion, en Ile Maurice, aux Seychelles, mais aussi
en Asie et en Afrique. Les rares touristes qui reviennent de ces
pays contaminés ne sont même pas hospitalisés. «C'est moins grave
que la grippe» note le docteur Blaise Genton, responsable du centre
de vaccination et de médecine du voyage à Lausanne où l'on dénombre
deux cas avérés et deux autres en attente de confirmation. Il y
aurait aussi un malade en Valais selon M.Genton.



«Trois cas ont été traité en ambulatoire à Genève, on leur donne
du paracétamol et ça passe tout seul» explique le docteur Loutan.
Les patients sont soignés aux fébrifuges et aux anti-inflammatoires
car il n'existe pas d'antiviraux, ni d'antibiotique. Les symptômes
les plus fréquents sont une forte fièvre, des douleurs dans les
articulations et dans les muscles, des maux de tête.

Fièvre de Dengue

«Le Chikungunya est spécifique à cette année», note Louis
Loutan. Le virus a fait des ravages dans l'île de la Réunion où il
a touché 157'000 personnes et où 77 décès sont «directement ou
indirectement» imputables à la maladie. «Nous sommes plus habitués
à une autre fièvre, transmise par le même moustique avec à peu près
les mêmes symptômes: la fièvre de Dengue. Un virus que l'on croise
beaucoup plus souvent dans l'unité de médecine des voyages, avec
une vingtaine de cas chaque année» explique Louis Loutan. La
maladie est rarement mortelle, la mort se produisant seulement dans
les cas d'extrême faiblesse.



La fièvre de Dengue est bien plus répandue et pourtant il n'existe
pas encore de vaccins. Des recherches sont effectuées depuis
plusieurs années pour fabriquer des prototypes. Il n'y a donc pas
non plus de vaccin contre le Chikungunya.

Berne ne s'en occupe pas

Ce qu'il faut retenir, c'est que le Chikungunya n'est pas
transmissible d'hommes à hommes. La chance de contracter la maladie
en Suisse est quasi nulle. D'ailleurs, l'Office fédéral de la santé
publique ne relève pas le nombre de cas décelés en Suisse: "Il ne
s'agit pas d'une maladie à déclaration obligatoire," selon le
porte-parole de l'OFSP, Jean-Louis Zürcher.



En revanche, il est conseillé de se protéger contre les moustiques
si l'on compte passer ses vacances dans une région à risque, ou à
très haut risque comme c'est le cas actuellement en Réunion. Non,
le Chikungunya ne mérite pas que l'on en fasse une psychose.
Evidemment on peut toujours imaginer qu'un moustique prenne
l'avion, débarque à l'aéroport, passe entre les flocons...



Sarah Chevalier, tsrinfo.ch

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Le moustique n'est pas une seringue volante

Le moustique vecteur du Chikungunya et de la dengue est sur le point de coloniser la planète.

Originaire d'Asie, ce moustique qui "se propage grâce à ses oeufs", pourrait avoir gagné le nord des Etats-Unis dès 1972, via des pneus contenant de l'eau dans lesquels les femelles avaient pondu leurs oeufs, selon le chercheur selon Didier Fontenille, entomologiste, responsable du laboratoire d'insectes nuisibles de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier (sud) et spécialiste du paludisme.

En Italie, il est devenu "une véritable nuisance dans tout le nord du pays", précise-t-il. En France, il est signalé depuis 2005 "comme abondant, dans plusieurs quartiers de Nice et Menton" (sud-est).

Mais, "le moustique n'est pas une seringue volante. Pour qu'il transmette la maladie du chikungunya, il faut plusieurs conditions: le moustique (femelle) doit piquer quelqu'un qui est malade. Le virus va alors se multiplier dans le moustique (durée: 10 jours). S'il survit - un moustique vit entre 15 jours et un mois -, il inoculera le virus à la prochaine piqûre".

"Homme courbé"en bantu

Le nom est d'origine bantu et signifie : qui se recourbe, qui se recroqueville, à l'image des feuilles tombées des arbres qui se recourbent en séchant. On a aussi traduit chikungunya en français "maladie qui brise les os" ou "maladie de l'homme courbé" car elle occasionne de très fortes douleurs articulaires associées à une raideur, ce qui donne aux patients infectés une attitude courbée très caractéristique.

Le Chikungunya n'est pas une nouvelle maladie: les premiers cas remontent en 1953, détectés en Tanzanie.