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De la musique dans les chambres de soins intensifs psychiatriques

MUSIQUE PSYCHIATRIE
De la musique dans les chambres de soins intensifs psychiatriques / L'actu en vidéo / 4 min. / le 4 février 2020
Des professionnels de la santé et de la musique mènent depuis 7 ans un projet de recherche original dans le canton de Vaud. L'idée d’Amenhotep est de proposer de la musique dans l’espace fermé des chambres de soins intensifs psychiatriques.

Quatre murs, un mobilier en mousse et une porte fermée à clé: voilà à quoi ressemblent les chambres de soins intensifs du Centre de psychiatrie du Nord vaudois, à Yverdon-les-Bains. Elles sont destinées aux patients en crise.

"Ce sont des patients qui ne parlent plus, qui sont mutiques ou alors qui sont très agités au niveau psychomoteur ou verbal", explique Alexia Stantzos, infirmière et cheffe de service à l'hôpital, dans le 19h30. "Ces chambres de soins intensifs nous permettent de réguler des situations difficiles. Ce sont des moments de crise, pour le patient et pour les soignants."

Le projet AmenHotep

C'est dans ce contexte qu'a été lancé le projet de recherche Amenhotep, en collaboration avec la Haute école de musique Vaud-Valais Fribourg, la Haute école d'ingénierie et de gestion et la Haute école de santé du canton de Vaud. L'idée: installer un dispositif interactif pour permettre au patient isolé en chambre de soins intensifs d'écouter librement de la musique.

"Les recherches ont prouvé qu'il y a une régulation émotionnelle et cognitive meilleure à l'écoute de la musique. Il y a un effet apaisant de la musique et les patients peuvent aussi parler différemment de leur vécu", poursuit Alexia Stantzos.

Cédric Bornand, de la Haute école d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud, a géré l'aspect technique du projet. "Dans un hôpital psychiatrique, la contrainte principale, c'est la sécurité", souligne-t-il. "On a imaginé plusieurs solutions, mais elles impliquaient toutes d'avoir des éléments matériels à l'intérieur de la cellule, qui pouvaient être fragiles, cassés et donner des éléments dangereux pour l'utilisateur, le patient, voire vis-à-vis du soignant."

Vingt morceaux à disposition

Il a dû mettre au point une solution sans risque de mauvaise utilisation ou de casse par le patient. Un dispositif d'écoute encastré dans le mur avec des capteurs qui peuvent fonctionner derrière 12 mm de verre ou 3 cm de béton. Un système quasiment indestructible.

Vingt morceaux de musique sont désormais à disposition des patients. Ils sont classés en quatre catégories émotionnelles: la joie, le calme, la nostalgie et la tension. "Ce ne sont pas des émotions qu'on espère que la personne va ressentir. Ce sont juste les couleurs émotionnelles de la musique", précise Matthieu Thomas, sociologue à la Haute école de musique Vaud-Valais Fribourg.

Pendant 18 mois, l'utilisation du dispositif musical par les patients a été décortiquée, comme les morceaux choisis ou le temps d'écoute. L'équipe de recherche a aussi utilisé des questionnaires écrits, mené des entretiens oraux avant de procéder aux premières analyses. "Les patients apprécient d'avoir ce matériel à leur disposition. On remarque qu'il y a plusieurs effets. Le premier est apaisant: se calmer, éviter de ruminer, mieux dormir. Le second, plus stimulant: ça leur a aussi permis de s'activer, de faire du sport, de danser", détaille Matthieu Thomas.

Trois établissements du canton de Vaud sont équipés du dispositif. Il s'agit du Centre de psychiatrie du Nord vaudois, à Yverdon-les-Bains, de l'Hôpital psychiatrique de Prangins et de la Fondation de Nant.

>> L'utilisation des chambres de soins intensifs est une mesure grave. Les explications de Viviane Gabriel dans le 19h30 :

Viviane Gabriel "L'utilisation des chambres de soins intensifs est une mesure grave qui limite la liberté de mouvement."
Viviane Gabriel "L'utilisation des chambres de soins intensifs est une mesure grave qui limite la liberté de mouvement." / 19h30 / 1 min. / le 4 février 2020

Viviane Gabriel/lan

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